Je ne vais pas vous parler ni de l'argent, ni des kilomètres, mais que de l'altitude. Ce weekend, j'ai vaincu pour la première fois les 4000 mètres, ou plus précisément 4368m. Bien sûr, vous pouvez vous dire que ce n'est même pas le Mont Blanc. Dans ce cas, vous n'avez qu'à essayer!
Notre voyage a commencé samedi matin à Santiago, qu'on avait encore du mal à quitter, car on s'est perdu quelque part au sud, et on est donc arrivés au Cajón de Maipo vers une heure. Le Cajón de Maipo est un cañon à sud-est de Santiago. A son fond, il y a une village qui s'appelle Baños Morales, à 93km de Santiago, c'est à dire à deux heures de route.
Pathfinder nous a amené jusqu'au fond de la vallée surplombé par le Volcano San José, 5856 mètres. La route n'était pas goudronnée et était pleine de trous, donc on a bien utilisé le quatre quatre, mais ne pensez pas que les Chiliens n'arrivent pas à passer avec un Renault Megan qu'on a trouvé sur le parking. Un conseil: au Chili, n'achetez jamais une voiture de ville d'occasion, vous ne savez pas qu'est-ce que le propriétaire faisait avec.
On a pris nos sacs avec de la bouffe, des vêtements, des sacs de couchage, une corde, des crampons et des piolets, et c'était parti. Le plan, c'était arriver au camp de base, c'est à dire monter environ 1000 mètres, dormir, faire le sommet de Cerro Moai le lendemain, descendre dans le camp, prendre les affaires et descendre à la voiture. Ce plan, le Cosmonaute l'a fait avec l'aide de Andeshandbook. J'ai encore un conseil à vous donner. L'Andeshandbook est très probablement fait par des personnes qui font le Mont Blanc pendant leur balade de dimanche après-midi. Donc à la place de diviser le temps de balade qu'ils donnent par deux, comme on fait dans les Alpes, multipliez à peu près par 1,5.
Le premier jour, samedi, on montait donc pendant cinq heures avec nos sacs énormes dans le camp de base. Comme c'était les Pâques, il y avait déjà deux petits groupes des gens dans le camp. Et comme au Chili, c'est vendredi qui est férié, pas lundi comme en Europe, les deux groupes sont venus la veille et du coup, samedi, c'était leur jour d'ascension. Le premier groupe était déjà de retour du sommet. On leurs a demandé le chemin et ils nous ont dit, en rigolant, que si on attend un peu, on verra les lumières des frontales que le deuxième groupe utilisera en descendant, car la nuit commençait à tomber. Ils nous ont conseillé de partir vers cinq heures du matin, sinon, on n'arrivera pas à rentrer dans la journée. En regardant les tentes vides, on s'est dit, méprisants, que le deuxième groupe, ça doit être le CAF en vacances, vu qu'ils n'arrivent à faire 900 mètres de dénivelé dans la journée. Ou peut être, c'est de feignants comme nous et il n'arrivent pas à se lever tôt? Le Cosmonaute a quand même remarqué que les gars du groupe qui était déjà rentré n'ont pas l'aire des chochottes et pourtant, ils font tout l'ascension dans trois jours, pas deux, comme nou, on a prévu. Parfois, il faut écouter ce que l'intuition vous dit, mais on s'est endormi doucement en pensant au 900 mètres négligeables qu'on ferrait le lendemain.
Après neuf heures du soir, trois heures après le coucher du soleil, le deuxième groupe est rentré.
On est partis à cinq heures du mat sous la lumière de la lune. Les montagnes étaient désertiques. Personne ne faisait l'ascension ce jour là, donc on savait, qu'on serait seules toute la journée. Et comme la saison fini normalement en mars, et ce n'était que grâce à la sécheresse extrême qu'on a pu monter en avril, il était claire qu'on sera probablement les derniers sur ce sommet jusqu'au printemps.
Après environ 100 mètres de dénivelé, nous avons perdus le sentier et on a commencé à traverser la moraine. Et comme le glacier a bien fondu, la moraine faisait des kilomètres. On traversait des grosses pierres pendant deux heures. A la fin, quand on était à plus que 3500, j'ai commencé à sentier les jambes lourdes, mais il fallait continuer jusqu'au glacier. Je déteste les glaciers, car il y a des crevasses insidieuses, mais en ce moment, je me réjouissais de tout ce qui n'est pas une moraine.
Et après une autre heure de la traversée de la moraine, mon souhait devenait la réalité. On était sous le glacier. Mais, oups, aussi devant un phénomène andine bien spécifique, devant les pénitents. J'ai lu dans notre livre sur les Andes que ça existe et j'ai pensé que ça doit être joli et que, avec un peu de la chance, j'en verrai un jour. Bah oui, et pas un, mais un champ. Il disait bien dans notre livre que un, ça peut être joli, mais qu'un champ, ça peut vous empêcher de passer. Et, imaginez, que les pénitents sont si insidieux que sur le photo, ils semblent être tout à fait jolis et gentils et vous ne pouvez pas imaginer la galère que c'est de les traverser! Et en fait, la vérité, c'est que la galère, ça ne se traduit pas dans les photos, mais justement, dans l'absence des photos, et nous, on n'a pas un seul photo de l'ascension, car on n'avait pas la force d'en faire. Et surtout pas dans les endroits les plus difficiles. Les photos que je vous montre, c'est en descendant qu'on les ai fait.
Les masses de la glace qui forment les pénitents laissent des trous à côté, ce qui est claire si vous connaissez le loi de la constance de la matière. La seule possibilité, comment vous pouvez traverser, c'est passer d'un trou à l'autre ou, si les trous ne sont pas trop larges, marcher sur les bords des trous, mais ce n'est pas possible là, où les pénitents deviennent grands. Essayez de monter 300 mètre de dénivelé en sautant des barrières et vous allez bien comprendre pourquoi il y a plein d'andinistes qui n'arrivent pas à faire un sommet à cause de ce phénomène. Notre livre dit qu'il faut essayer de repérer les pénitents en aide des jumelles en avance et les éviter. Bah, regardez le photo et dites moi, par où vous voulez les éviter, sachant que le rocher, c'est des tas de pierres en pente qui coulent.
En luttant avec le pénitents, on a aperçu environ trois crevasses que j'ai salué comme des copines qui font un fair-play. Avec rage, j'ai coupé les têtes des pénitents avec mon piolet et j'en ai vraiment eu assez. Dans un moment, je me suis dite que je suis déjà au dessus de 4000 mètres, alors c'est fait, mais bon, le but, c'était un peu plus haut.
Et donc on y est montés. On a traversé tous les pénitents méchants et à une heure et demie, on était au sommet. Notre photo montre, que c'était la galère.
Il ne fallait que descendre. Traverser à nouveau le champ des pénitents et la moraine. On a pensé qu'on va trouver un sentier sur la moraine qu'on a loupé à l'ascension, mais non, il n'y avait que un bout de sentier toute à la fin, sinon, il fallait encore traverser des pierres. Bon, en descendant, c'est plus facile. Mais de l'autre côté, vous avez déjà l'ascension dans vos jambes. Et ainsi, quelque part sur la moraine, on a décidé qu'il faudra loger encore une nuit dans le camp de base et faire le reste de la descente le lendemain.
On était à notre tente encore quand il faisait jour, mais je dois dire que je suis arrivé épuisée. J'avais mal partout, surtout à la tête et au ventre. Je n'ai même pas pu rester assise, je me suis mis directement dans le sac de couchage et je me suis endormie pour une demie heure. En se réveillant, on a pris un aspirine, qui est bien contre le mal d'altitude, et sans dîner, on s'est couché. Ce n'était que vers onze heure de la nuit, que nos organismes ont récupérés suffisamment pour nous réveiller par la faim. On a fait un dîner rapide et on s'est rendormis.
Le lendemain, on s'est réveillés autour de sept heures, on a mangé, on a ramassé nos affaires et on est descendus les 1000 mètres qui restaient. Notre seul souhait, c'était de revoir Pathfinder et une fois qu'on y était, le Cosmonaute n'a pas résisté à le prendre en photo trois fois.
Et donc là, on est de retour à Santiago. Le Cosmonaute doit partir jeudi au Télescope et on va donc se reposer un peu de la montagne. Mais malgré la galère, en descendant, on a déjà commencé à discuter nos voyages prochains.
P.S. Les photos sont là.
La fin
Il y a 15 ans
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