mardi 22 septembre 2009

Fiestas patria

Au début du mois de septembre sur les carrefours de Santiago, les jongleurs, les artistes, les vendeurs de Super Ocho, les vendeurs des fruits, les vendeurs des journaux, les vendeurs de n'importe quoi et les mendiants qui ne vendent rien, ils voient arriver des vendeurs des drapeaux. Comme le mois de septembre, ce n'est même pas le mois de la rentrée, je me suis demandée pourquoi tout ces drapeaux. Bon, c'est vrai que le 18 septembre, c'est le jour d'indépendance, mais en France, est-ce que vous voyez les vendeurs des drapeaux depuis le début de juillet? Et vous en voyez, tout court? En Tchèquie, c'est pareil, pour nous, l'indépendance, c'est en fin octobre et la seule chose que vous entendez, c'est que les magasins avides de vos sous commencent à crier: Joyeux Noël, Joyeux Noël!

Mais au Chili, c'est vraiment dû à l'indépendance qui s'approche. Dans les jours suivants, dans les magasins, des panneaux qui vous font penser à commander des empanadas apparaissent. Puis vous entendez de temps en temps que les gens parlent des cadeaux pour les enfants et vous comprenez qu'il faut aussi faire un cadeau à votre femme de ménage, des concierges, des jardiniers et d'autres personnes qui s'occupent de bâtiment où vous vivez. Et une fois que vos collègues commencent à se plaindre qu'ils vont encore grossir, vous êtes surs que ces fêtes là, ça doit être aussi important que Noël. Au Chili, dans le pays où les magasins ne ferment pas que tard dans la nuit, où les restos ne ferment jamais, des petits pancartes vous disent: le 17 septembre, on ferme à onze heures du matin. A seize heures. Et selon la loi, au plus tard à dix-sept heures, mais à cette heure-ci, Santiago s'est déjà vidé et à la place de la pollution, il se couvre par un odeur de barbecue, asado, comme on dit ici. Pour moi, ça a voulu dire que j'ai encore travaillé jeudi matin, mais mon groupe des familles avec un malade Alzheimer, avec lesquelles je travaille jeudi après midi était déplacé pour mercredi. Jeudi après midi, je rentrais à la maison pour se reposer un peu avant la fête par des rues froides et désertiques de Santiago et le seul bruit que j'ai pu entendre, c'était le clapotement des drapeaux chiliens dans le vent.

Le vrai jour d'indépendance, c'était vendredi le dix-huit. On est allés faire un asado chez le chef du Cosmonaute. Le chef est français et grâce à ça, l'asado n'était pas tout à fait chilien: déjà, à la place des empanadas, on a mangé une pâté à l'aubergine, la viande a été bien saignante et pas trop cuit à la chilienne, et surtout, pas de drapeau sur la façade de la maison. Ce qui est même contre la loi. Si vous êtes étranger, vous avez le droit de mettre aussi votre drapeau, mais plus bas que le drapeau chilien.

Nous sommes rentrés trop tard pour sortir, mais samedi, on était decidés d'aller voir les festivités chiliens. On était au courrant que dans des parques de Santiago, ils s'y passent des choses, et finalement, nous avons donc decidés d'aller voir le parque Suarez chez nous à Providencia. Karen et Antoine sont allés la veille voir le Parque Padre Hurtado à la Reina, mais apparemment il y avait trop du monde, pas de place pour se garer et une file d'attendte énorme pour entrer. Vu que le Parque Suarez est bien plus petit, on a esperé de trouver une place pour nous. Il faisait très chaud et comme nous sommes arrivés vers une heure, on a pu entrer. Et à l'intérieur, il y avait des kiosques avec des trucs traditionnels et des trucs de la fait foraine, puis plein de gens avec des poussettes, des cages avec des animaux de la ferme, donc des autruches, des lamas, des poules et des lapins, une présentation des outils dont on se sert à la ferme, et puis, heureusement, des kiosques avec de la bouffe. On les a pris à l'attaque et on a vu que la bière est servie dans un goblet en plastique et les empanadas ressamblent étrangement aux empanadas dont on peut acheter au supermarché. En les mangeant, sur le podium, une petite competition en cueca était en train de se passer et Karen a dit que les danceurs dansent vraiment très mal. Tout cette fête à Providencia avait donc quelque chose de très artificiel et fake. Un peu bourrés par la bière bu au soleil, on a bien rigolé en observant un rodéo des enfants et des compétitions ou les parents ont lutté avec même plus d'enthousiasme que les enfants, mais après, on a décide d'aller voir un vrai rodéo ailleurs.

A Lo Barnechea. Je vous ai parlé beaucoup de ce quartier du luxe, mais je ne vous ai pas dit qu'il y a un part de Lo Barnechea, el pueblo, une colline où, bien coupés de tout ce luxe, vivent les gens plutôt pauvres, des gens qui ont vécu là bas encore avant que les riches ont décidé de construire des résidences dans les collines autour de Santiago. Même si el pueblo de Lo Barnechea semble être plus riche que les quartiers sud de Santiago, je suis sure qu'aucun Chilien parano y mettrait des pieds. Et comme les villageois, c'était des agriculteurs à la base, une arène fait partie du village. Et pendant les quatre jours de festivités, les rodéos y ont eu lieu.

Sans avoir un problème pour se garer, vu que la plupart des gens sont venus en transport en commun ou à pied, on est montés à pieds vers l'arène passant par un chemin poussiereux bordé par des kiosques. Les kiosques vendaient des mêmes sucettes, barbe à papa, pommes en caramel, des cacahuètes en sucre et des rouleaux avec du manjar, mais on avait un sentiment que cette fête est plus populaire et traditionnel que celui de Providencia. Déjà, pas d'entrée payée. Mais avant de continuer, je vais quand même vous avertir d'une chose. Le manjar. Car un visiteur inexpérimenté pourrait facilement le confondre avec de la nutela. Mais le manjar, la même chose comme la dulce de leche argentine, c'est du lait qui est cuit jusqu'à ce qu'il devient caramélisé, c'est à dire jusqu'à ce qu'il devient marron et caoutchouteux et met en extase des Chiliens. Je me suis fait avoir qu'une fois à Valparaiso où j'ai acheté des churros en pensant qu'ils sont farcis avec de la nutela. Puis, dès que le vendeur des churros m'ont quitté de regard, j'ai offert cette délicatesse aux chiens de la rue.

Mais continuons la montée vers l'arène. Sur des planches en bois, des villageois y étaient assis en regardant le premier tour de rodéo. Deux gars sur des cheveux, des huasos, ont poursuivi un toro et on n'a compris qu'il fallait coincer le toro de temps en temps contre la barrière de l'arène. Puis le voix du juge a dit deux mauvais points. Ou trois bons points. Et parfois aucun point. On a regardé et comme le parcours qu'il faut faire avec le toro est toujours le même, on a compris petit à petit d'où sort le toro, où il est censé de courir et où les huasos doivent le retourner et on a donc pu anticiper, avec un voix grave, les décisions du juge. Deux mauvais points quand les huasos étaient vraiment nuls et pas seulement qu'ils n'arrivaient pas coincer le toro contre le bord pour le retourner, mais en plus, le toro a trouvé une occasion de s'échapper complètement, un mauvais point si le toro a changé de sens car les huasos n'étaient pas capables de le maintenir dans le sens des aiguilles de la montre etc. Le public était plutôt calme et passait le temps à se gaver par des sucettes, des rouleaux au manjar et des cacahuètes. Ce n'était que les enfants qui s'excitaient au bord de l'arène. Les huasos discutaient calmement sur les performances de ses collègues et tout était couvert par la musique traditionnelle. Vaaamos bailar la cueeeca... Le supporteur le plus hystérique, c'était sans doutes un chien de la rue qui, appuyé contre le bord de l'arène, regardait partout, se deplaçait de temps en temps pour voir mieux et tout attentif, il n'a pas aboyé une seule fois. On dit que les chiens n'ont pas une vision très bonne, mais je ne le crois pas. Ce chien là, il a regardé tout le rodéo pendant des heures et ce n'était que pendant la pause qu'il s'est éloigné pour manger un peu de la délicieuse poubelle.

Une fois que la nuit est tombée sur Lo Barnechea, le dernier tout du rodéo s'est approché. Les cinq derniers couples des huasos se sont disputés la victoire. J'étais un peu déçu que juste avant, le couple formé par un père et son fils a était éliminé, car le fils, il n'avait même pas l'âge pour pouvoir conduire, mais, en galope sur son cheval, il a maitrisé le toro d'une façon dont jamais je maitriserait des pots de yaourt avec mon Pathfinder.

Une fois le rodéo terminé, Señorita Francisca, une fille indienne habillée dans une robe verte traditionnelle, dont l'élégance est tout à fait comparable aux robes traditionnelles de la Bolivie, a donné des médailles aux vainqueurs. Puis c'était le temps pour un peu plus de la musique traditionnelle ce qui a donné faim au Cosmonaute. On est allées donc gouter des empanadas et de choripan, des brochettes. Les empanadas étaient bonnes et le choripan excellent. Mais quand même, je me demande comment les Chiliens arrivent à se gaver par empanadas, des sucettes, des motte con huesillos (à vous de deviner qu'est-ce que c'est :-) ), de manjar et d'autres choses pareils. Il faut vraiment être patriote pour faire ça.

Ils vendaient le choripan près d'une tente où un groupe de la musique s'excitait sur le podium et les gens, aussi tout excités, ont dansé comme des fous. Le Cosmonaute a commencé de saturer un peu de folklore chilien et une fois qu'au podium vers l'arène, un groupe de la musique traditionnelle de la Patagonie s'est préparé pour jouer, on a décidé de battre en retrait. Chez nous, à Bellavista, au Patio de Bellavista, dans ce milieu stérile et touristique qui, ce samedi soir, était vide comme je l'ai jamais vu.

Dimanche, on a decidé qu'on a assez vu de patriotisme chilien, et on est allés faire une petite balade dans la montagne. On est monté le Pochoco, une colline derrière Lo Barnecheou. Par stratégie, on n'a pas voulu quitter Santiago dans un autre direction que vers la cordillère, car on savait que dimanche soir, notre ville se re-remplira des gens et que les bouchons à la périphérie seront monstrueux. La balade était tranquille et agréable et du sommet, on a pu faire un petit coucou à Plomo et voir qu'au sommet de Provincia, il n'y a quasiment plus de neige et qu'on pourra bientôt tenter d'y monter.

Et aujourd'hui, le printemps commence! Par la pluie, bien sur. D'ailleurs, c'est aussi la Journée internationale de la maladie d'Alzheimer. Du coup, avec l'assoc où je travaille, on a monté une petite stand devant la Moneda. On distribuait des flayers, donnait des petits ballons aux enfants et les mémés dans la direction d'association ont même invité un gars avec une orgue de Barbarie qui, en jouant en boucle un chanson, a découragé tout le public qui voulait s'approcher pour nous parler. Et ainsi, en écoutant ce chanson démentiel, on a sensibilisé les gens aux risques de la maladie.

Et pour que ça soit mois joyeux, le Cosmonaute part au Télescope ce vendredi.

lundi 14 septembre 2009

Comme El Mirador est encore resté invaincu (grâce au Cacamolle)

Je n'ai pas eu beaucoup de temps pour écrire dans les derniers jours. Le Cosmonaute reste à Santiago, je bosse, j'apprends le portugais et surtout, notre vie sociale deviens plus importante. Mardi soir, Ruben, un nouveau postdoc de l'Observatoire, est venu voir notre appartement pour voir à quoi s'attendre au Chili à ce niveau là. On a voulu qu'il puisse comparer avec des apparts à Vitacura et Las Condes où on a passé le weekend à picoler. Car le dernier weekend, il faisait si mauvais qu'on n'a pas sorti le nez de Santiago. Heureusement, le Cosmonaute n'a pas insisté d'aller skier, car dimanche après midi, à cause de la pluie, la route à Farellones s'est écroulé sur quatre endroits laissant deux morts. Par rapport à ça, les 1300 personnes qui sont restées coincées dans les stations au dessous de Farellones, ce n'est rien de bien grave, mais ne me demandez quand même pas combien d'étrangers ont loupé leur avion. Car les gens n'étaient pas "libérés" que lundi soir.

Mais pour vous parler de Ruben qu'il est venu nous voir mardi soir. Il est venu avec d'autres potes de l'Observatoire et pour la première fois on a eu ainsi l'occasion de tester la résistance de nos voisins dans la nuit. Et, comme je l'ai pensé, une minute après minuit, le téléphone a sonné pour que le gardien nous dise qu'on avait réveillé notre voisine. Sans doutes celle qui se plaint que je secoue la nappe de la fenêtre et appelle le gardien dès qu'elle entend un bruit non autorisé. On a éteint la musique et on a essayé, dans la mesure de possible, de parler doucement, mais apparemment ce n'était pas suffisant. A la fin, le gardien est venu voir et il a dû constater que le bruit n'est pas scandaleux, car après, on n'a eu plus des coups de fil. Qui s'attendrait à ça au Chili! Mais on a pu continuer à faire la fête et ça serait bien si le Cosmonaute ne s'était pas souvenu qu'il avait un bouteille de la visnovice maison au congélateur. Le lendemain, je n'ai pas pu assister aux cours de conduit, même si ils étaient dans l'après midi. Bon, ça arrive.

Vendredi soir, comme il semblait que le weekend sera ni pluvieux, ni prévu comme pluvieux, ce qui était le cas de les deux derniers, on a décidé de partir dans le Cajon de Maipo. Je vous ai déjà raconté qu'on a essayé de faire des skis de rando dans la Reserva del Morado, mais que j'étais malade et un grand Cacamolle et qu'on n'a pu rien faire. Vendredi soir, on a encore prévu dormir dans le Refugio Lo Valdés. Mais vendredi, c'était vendredi le 11 septembre (pas le 10, comme j'ai écrit dans la réservation, mais ça, je n'ai réglé vendredi matin par téléphone) et c'est l'anniversaire de la mort d'Allende et de putsch militaire en 1973. A quatre heures d'après midi, sachant qu'une nuit dans la neige m'attend, je suis allée à Santa Lucia pour me procurer d'un pull dans la laine de Chiloé. Mais à mon étonnement, je ne suis pas arrivé de rentrer dans le métro. Ni dans le premier, ni deuxième, ni troisième. J'ai donc décidé d'aller à pied dans une bibliothèque et en marchant, j'ai appelé à Karen pour la saluer. Elle m'a recommandé de ne pas aller dans le centre, car apparemment au Chili, le 11 septembre, il y a des voitures qui brûlent, les .... qui giclent de l'eau et les manifestants se tapent dessous avec des policiers. C'est pour ça que tout le monde se sauve du travail dans l'après midi. Je veux dire, pour arriver à la maison avant les manifs, pas pour se battre avec des flics, bien sûr! Karen m'a dit que le transport en commun s'arrête normalement vers trois heures et que c'est bien bizarre que j'ai encore vu quelques métros. Oui, j'ai vu des métros, par contre, je n'ai vu aucune bagarre. Mais Pedro m'a dit qu'il y avait des cocktail Molotov lancés dans une rue juste à côté de leur maison, les histoires sur les manifestants ne sont donc pas complètement une fantaisie. En tout cas, prévoyante, je suis rentrée à la maison pour partir le plus vite possible à Vitacura, au boulot du Cosmonaute ou il m'attendait avec Pathfinder chargé. Je savais que le voyage à Vitacura prendra beaucoup de temps. Et c'était le cas. Les deux bus que j'ai vu ont refusé de me prendre et donc finalement, j'ai pris un taxi. Et puis on était dans el taco, les bouchons. Le chauffeur de taxi m'a dit qu'il y a un tel bordel à cette heure-ci à cause du 11. Apparemment, même les automobilistes veulent rentrer plus tôt. Je ne sais pas si le 11 septembre est vraiment si dangereux ou si c'est plutôt la paranoïa traditionnelle chilienne combinée avec la possibilité de commencer le weekend un peu plus tôt pour un bon raison. En tout cas, le chauffeur de taxi était si désolée pour le temps qu'on a passé dans le traffic qu'il m'a fait une petite réduction. Sympa!

Je suis arrivée à l'Observatoire à 18 heures. Nous sommes partis au Refugio. La route prends d'habitude une heure et demie et on s'est déjà imaginé comment on se gave du bœuf au vin rouge en parlant avec le gardien du refuge et Pedro qui était aussi là bas en train de passer ses jours de repos après son séjour au Télescope. Mais une heure et demie après le départ, on était toujours à Americo Vespucio, la périphérique de Santiago. On a avancé aux petits pas et le rêve d'un bon dîner a commencé à se réduire au rêve d'arriver encore cette même nuit au Refugio. Et on a vu que ce n'est pas gagné quand on est arrivés à San Gabriel où se trouve un poste de police qui garde l'entrée dans le Cajon de Maipo. D'habitude, les policiers vous laissent passer sans vous demander quoi que ça soit, mais comme il faisait nuit, et en plus nuit de onze septembre, on s'est fait arrêter. On va où? On va monter un sommet. "Maintenant?" le policier a demandé. Non, pas maintenant, maintenant, c'est l'heure que la cuisine au Refugio est en train de fermer. Mais la femme du gardien m'a promis de nous laisser un petit sandwich. Mais l'arrivée n'était pas gagné, il fallait nous inscrire au poste, le policier, à l'occasion du 11 décoré avec une casque en métal et une mitraillete, nous a dit.

Et on est donc allées s'inscrire. Dans la petite station policier minable, un policier aux oreilles décollés, le même comme la fois qu'on est allés dans la vallée vers le Volcano Maipo, était assis. Il a demandé nos papiers et on lui a donné nos cartes d'identité chiliens. Nos cartes sont diplomatiques, ce que a une énorme inconveniente: elles sont bleues et différentes de celles dont disposent les Chiliens , et personne ne comprend donc que c'est des cartes d'identité. Le policier a donc pris nos cartes, il les a regardé, retourné, mis une a côté de l'autre, retourné encore, mis celle du gauche à droit et celle de droit à gauche et quand on a déjà commencé à soupçonné que bientôt, il y aura de la fumée qui sortira de ses oreilles, il a prononcé doucement: "Ce n'est pas une carte d'identité". On a essayé de lui expliquer et on lui a dit que notre RUT (numéro d'identification) est différente, car on n'est pas des Chiliens. Le policier, en continuant sa petite gymnastique avec nos cartes, a demandé: et vous travaillez où? Et comment êtes vous entrés au Chili? Pucha, j'ai pensé, ça se peut que la nature est interdit aux astronomes et psychologues! Et bien sûr aux immigrés ilégaux! Quand il a vu que ses questions mènent nullepart, il nous a demandé si on n'avait pas une autre carte qui prouverait notre identité. Le Cosmonaute a sorti sa carte d'identité française et moi, comme d'hab, je me suis servi de mon permis de conduire. Ce n'était qu'une fois que le policier avait mon permis que je me suis rendue compte que je viens de donner mon permis de conduire non valable au Chili à un policier chilien. Et que s'il me demande la validation chilienne qui m'autoriserait à conduire, je ne le peux pas lui donner, car j'en ai pas et le Comsonaute non plus, car on est complètement hors règle. Mais heureusement, le policier était obnubilé par le mystère de nos cartes d'identité. À la fin, il a secoué la tête et il est parti. J'ai espéré qu'il chercherait son chef, mais non. Il est rentré avec sa carte de policier. "Regardez", il a dit:"Ce que vous me donnez, c'est comme celle-là." Il nous a montré sa carte de policier. "C'est ma carte de policier." Oui, oui, on voit. "Et ça", il a continué en nous montrant sa carte d'identité: "c'est ma carte d'identité." Il a fait une pause dramatique. "Carte de policier" il a repeté pour être sûr qu'on a compris. "Et la carte d'identité". Un regard longue. "Mais vous n'êtes pas ici pour la première fois, vous!" il dit: "Vous avez un Pathfinder, n'est-ce pas?"

Voyons donc. Il nous a laissé remplir un papier et il nous a laissé passer, peut être par sympathie à notre cher véhicule. Et tout ça, ça nous n'a pris qu'une demie heure.

A dix heure, finalement, on a donc ouvert la porte du Refugio. On a mangé notre sandwich et on a papoté avec Pedro et le gardien jusqu'à la minuit.

Le matin, les rayons de soleil nous ont réveillés. Sur mon lèvre, un gros herpes a poussé, peut être à cause du stress de la veille. Je ne sais pas, je dois avoir un espèce de l'allergie à la montagne. Mais c'était l'heure d'aller à la Reserva Morado. L'entrée à la réserve était fermée à cause d'un "l'événement sportif". Et l'événement était gardé, bien sûr, par des policiers chiliens. Je les ai demandés si on pouvait entrer. Ils m'ont confirmé qu'il n'y avait pas de problème, mais dès que je me suis retournée pour rentrer à notre voiture miraculeuse, le policier m'a arrêté en demandant: et vous allez faire quoi? Un sommet, je dis. Et camper? Oui. Alors ça, non. Interdit. Trop d'accident. Danger! Ah, qu'est-ce qu'ils sont saoulant les Chiliens avec leur paternalisme!

On est allés vérifier l'information avec le gardien de la reservation. Il nous a demandé si on avait du sac de couchage et de la tente. Oui? Alors, il va nous inscrire comme montañistas et tout sera parfait. A notre responsabilité.

Tous contents, nous sommes donc partis sur les skis dans la vallée vers El Morado. Notre but, c'était faire un camp de base au fond de la vallée et le lendemain monter El Mirador (3883m). Il faisait très chaud. Partout sur les pentes, il y avait des avalanches qui sont tombées dans la semaine passée et deux fois, on était obligés de les traverser. Les sacs étaient lourdes, mais pourtant, autour de trois heures, on était au fond du vallée. On a monté la tente et on a fait fondre e la neige pour faire une soupe. Quand le soleil s'est couché derrière la montagne, on s'est faufilé dans notre petite maison dont le plancher était bien froid et on s'est chauffé avec la soupe. Puis on lisait un peu le topo et autour de huit heures de soir, on s'est endormis. J'avais peur de froid, mais finalement j'ai dormi comme un bébé. La preuve que le Cosmonaute aussi, c'est que à cinq heures du matin, on n'est pas entendu le réveil et on ne s'est réveillés donc que à six heures. Quel publicité serait mieux pour "Alka" Jana Cervenkova, la femme qui a cousu nos sacs de couchage?

On a vite bu un peu du thé et on est sortis. Et en regardant le ciel, on a compris pourquoi il faisait si chaud. Car le ciel était couvert. La météo maudite, on a tellement attendu avec cette ascension qu'à la fin on y ira avec des nuages! On a mis les peaux de fogue et s'était parti. D'abord par un couloir, puis vers une morène. Je n'ai pas aimé l'idée de toutes les avalanches qui sont tombées, car je me disais, qui sait combien il y en a qui attendent encore à tomber? Je marchait vite pour dégager le plus rapide de cette maudite colline. En plus, je m'imaginais que la neige qui a bien fondu la veille, a regelée et qu'elle ne refonderait pas dans la journée couverte. La rêve d'un skieur, quoi. Mon sac était lourd avec tout ces piolet-crampons-machin et je voyait déjà comment je descend le couloir avec mon sac à dos. En plus, on ne voyait pas du tout le rélief du terrain. Bon, le Cosmonaute dit que les journées ainsi sont géniales pour apprendre à skier, mais moi, je n'ai pas pu m'empêcher de penser que le meilleure de la journée, ça serait retrouver Pathfinder. On continuait à monter avec les couteaux, car la pente glissait. Au glacier, j'étais déjà pas mal fatiguée. Je ne sais pas pourquoi, mais depuis l'ascencion du Cerro Moai, je fatigue vite. Ou peut être je le ressens plus. Ou, tout simplement, je suis un Cacamolle. Et ça n'allait pas. J'ai dit au Cosmonaute que je voulais descendre, car en tout cas, on n'arriverait pas au sommet. Si on voulait aller au sommet, on risquait une autre nuit dans la tente. En plus, j'ai dit, on avait dit aux policiers et au gardien qu'on rentrait le dimanche et on avait l'obligation de se désinscrire pour qu'ils n nous cherchent pas! C'était un argument débile, car je savais bien que ce qu'il y a sur le papier, c'est vite oublié et qu'on se souviendrait de ces fiches d'enregistrement qu'une fois qu'au printemps, il faudrait identifier des corps. Le Cosmonaute m'a dit que c'était juste ma peur des avalanches et des pierres et il a terminé en disant: "Si c'est comme ça, je ne te prends pas avec moi pour faire La Paloma!" Ah oui, pour me punir, je ne pourrai pas grimper un sommet de cinq mil. C'était très pertinent dans la situation.

Et donc, on a commencé la descente. Je suis tombé au moins cent fois et cent fois j'ai du me lever avec le gros sac. Encore, semble-t-il, j'ai tiré aucun profit des cours de ski du Cosmonaute. Mais faire flexion-extension des jambes après une montée et avec 15 kilos sur le dos, c'est plus qu'un Cacamolle peut faire.

Dans le camp de base, on a plié la tente et on a continué la descente. Un peu plus bas dans la vallée, on a recroisé deux Chiliens qui campait là bas juste pour profiter du froid. C'était les seules personnes à être si loin dans la vallée avec nous. "Vous avez un ouvre-boîtes?", ils ont crié dès qu'ils nous ont vus. Bah voilà, au moins quelqu'un qui était sauvé par notre descente précoce.

Et là, on est finalement à la maison. Je ne vais pas cuisiner ce soir, je suis trop fatiguée, je vais juste commander un peu de sushi. Bon occasion de dire au Cosmonaute qu'il n'a tiré aucun profite de mes cours de maniement des baguettes.