lundi 23 février 2009

La ville à laquelle ils ont volé sa mer


Dimanche, pour la première fois depuis notre arrivée, j'ai quitté Santiago. A cause des obstacles administratives qui sont aussi pénibles au Chili comme partout dans le monde, nous n'avons toujours pas de voiture, et il est donc difficile d'aller un peu dans la montagne. Et puis, à cause du déménagement, la reconstruction du plancher et les achats de meuble, il ne nous reste pas beaucoup de temps. Du coup, notre premier voyage menait au port à 120km de Santiago où, esperons, a débarqué notre container avec des girafes, les sacs de couchages, le matériel d'escalades, les vélos et des livres. On s'est rendus à Valparaiso par bus. C'est très simple, car il y a un bus chaque dix minutes et vu qu'il y a plusieurs compagnies, il y a même plusieurs buses chaque dix minutes. Il suffit de se rendre par métro à la station Pajaritos, vous vous achetez un billet et vous y allez.

On a descendu à Valparaiso et on a marché vers le centre ville. Vu que c'était un dimanche, la rue principale a été fermé à la circulation et il y avait des jeux pour des enfants (payés, bien sûr, comme c'est l'habitude au Chili) et des terrains improvisées du foot et de basketball. Sans doutes un petit effort de récompenser les enfants avant la rentrée. Puis le coton en sucre (on dit ça en français?) a semblé d'être toujours aussi dégueulas comme pendant mon enfance et j'ai découvert même des sucettes colorés dont je me souviens bien des fêtes foraines de mon enfance derrière le rideau de fer. Étrange.

Comme nous sommes arrivés vers midi, nous avons eu faim. Nous avons donc décidé de commencer notre visite de la ville par le Mercado central qui, à Santiago, est un endroit tellement bien adapté pour des gens qui veulent remplir leur ventre avec des fruits de mer fraiches. Et, vu que Valparaiso, c'est un port, on s'est dit que ici, le Mercado central doit être encore plus divine.

Mercado central de Valparaiso est de l'autre côté du centre ville par rapport à la gare. Il faut donc traverser tout le port sous les pentes raides des collines qui montent juste derrière le port. La promenade montre bien l'architecture post-dictatoriale: des maisons qui accueillait jadis des institutions et bureaux qui n'existent plus, des maisons vides et en train de se décomposer, des parkings et des supermarchés à la place des maisons écroulées, bref, que des espaces sans une moindre conception, des endroits, qu'on traverse au pas rapide, car on y va juste pour passer. On a donc passé et finalement, on était devant le bâtiment historique du Mercado central.

A l'intérieur, il y avait quelques marchands de légumes et beaucoup de restos. En gros, on peut dire que tout le Mercado semblait dormir dans le calme de dimanche après midi. Nous avons décidé de choisir un resto avec beaucoup de gens à l'intérieur, car on s'est dit que ainsi on verra le resto avec un bon rapport qualité-prix. A Mercado, il y avait que des Chiliens. On s'est donc assis dans un de resto et on a commandé des plats. Le Cosmonaute avait envie d'une bière et moi, j'ai voulu un petit blanc avec mon repas. "Tu veux une tasse ou la moitié?" la serveuse a demandé. "C'est quoi, une tasse?", j'ai repondu en me demandant quel autre sens peut bien avoir le mot "tasse". "Une tasse," a dit la serveuse: "comme pour boire du thé." "La moitié, alors". Pas que j'ai trop compris qu'est que c'est la moitié, mais ça correspondait quand même plus avec l'idée que j'ai de la consommation du vin.

L'explication est venue avec les boissons. La serveuse a amené la bière du Cosmonaute, elle lui a servi un peu dans son verre et ensuite, elle m'a demandé de le cacher sous la table. "On a pas une licence pour vendre l'alcool", a-t-elle chouchouté. Elle a ouvert la demie bouteille (la moitié!) et elle m'a servi un peu...dans une tasse. Masqué ainsi, le vin a eu le droit rester sur la table, par contre, la serveuse a dit qu'elle va cacher la bouteille au bar et que si je veux plus de vin, je n'ai que à l'appeler.

Je me suis dit que cette manière de boire du vin peu standard va être récompensé par les bonnes empanadas maison fourrées par des St.Jacques et surtout par les locos (les abalones), la spécialité chilienne. Les locos sont des fruits de mer qui vivent presque uniquement sur la côte chilienne. Notre guide de Chili ajoute qu'il y a aussi des locos qui vivent au Pérou, mais on sent bien que ces locos là sont moins bons et bref, de Pérou, quoi. La pêche des locos est interdite et trouver un resto où on peut en manger est donc un peu difficile. J'espère que les locos qu'on a mangé étaient d'élevage. Mais vu comme ce resto respectait la lois...

En mangeant, j'ai commencé à sentir des démangeaisons sur mes chevilles. Je le connais bien d'une épisode de ma vie quand j'ai chopé des puces d'une moquette chez la grand mère du Chemical Brother qui vivait en harmonie avec ces chats et la nature. Depuis, dans les espaces pas très propres, les chevilles me grattent. Un démangeaison psychosomatique, quoi. En mangeant, j'ai donc gratté mes puces psychosomatiques, mais ça continuait à me piquer. J'ai donc regardé de plus près...et que vois-je? Des enflures de la peau qui m'ont pas laissé une seule doute que là, ce n'est pas des puces psychosomatiques. JB m'a expliqué plus tard que c'est des puces de mer et que ces bestioles, elles ont même pas besoin d'une moquette pour vivre. Mais heureusement, elles vivent proche de la mer.

Avec des sentiments un peu ambiguës, nous sommes partis du Mercado et on est allés voir quelles autres beautés offre Valparaiso, une des villes qui est sur la liste d'UNESCO.

Et c'est beau, mais il faut savoir l'apprécier. Vous pouvez décider que Valparaiso, ce n'est qu'une ville sale, en ruines et à moitié vide, mais vous pouvez aussi voir une ancienne ville riche et colorée dont les ruines murmurent de la nouvelle vie. Dans la deuxième moitié du 20ème siècle, Valparaiso était le port le plus important sur le côte ouest de l'Amérique du Sud. Et qui dit un port important, dit beaucoup de frique, et qui dit le frique, dit les maisons de luxe. Et vu que juste derrière le port, il y a des ravins des collines, à la fin de 19ème siècle, des ascenseurs ont était construits. Ces ascenseurs fonctionnent (enfin, certaines...) jusqu'à nos jours et ils transportent toujours les gens. Enfin, uniquement les gens qui n'ont pas de phobie des ascenseurs. En tant que psy, je recommande le passage sans les petites boîtes fragiles sur les cordes historiques sur lesquels on peut bien voir qu'ils datent qu'au patients dans la phase finale de la désensibilisation systématique, une fois qu'il montent tranquillement au 50ème étage d'un gratte-ciel par un ascenceur entièrement en verre.

Dans le 20ème siècle, le canal de Panama a été battu et ils ont ainsi volé la mer à Vaplaraiso. Le port le plus important est devenu un des ports d'Amérique du Sud et c'est Santiago qui a pris sa gloire, Santiago, qui était plus proche des cols des Andes. Les maisons ont été quittés et elles ont commencé à se dégrader. Il y en a certainement beaucoup qui n'existent plus, mais pourtant, Valparaiso offre par ses ruines un image de l'architecture dont vous ne trouvez jamais à Santiago qui était une ville des maisons sans étages, et qui l'est d'ailleurs dans beaucoup de quartiers encore, avant que les grattes-ciels ont été construits à la fin de 20ème siècle.

Mais malgré ça, la ville vit. Dimanche après midi, quand les rues sont vides, les peintures sur les mures en témoignent. Notre guide nous a recommandé d'aller voir "La musée sous la belle étoile", les peintures sur la colline Bellavista, mais il y a des peintures partout au centre de Valparaiso et je ose de dire que des peintures beaucoup plus intéressantes.

La journée finissait doucement et nous avons décidé de retourner à Santiago. En contraste avec toute la ville, à la gare, il y avait des milliers des gens. Même aller à la caisse s'acheter un billet était presque impossible, et donc aucune surprise que le premier bus avec de la place partait que dans une heure et demie, à 19:40. Nous nous sommes donc assis avec le Cosmonaute dans le bar à côté de la gare pour boire une bière. Ce bar "à la gare" rassemblait à tout les bars mondiaux "à la gare" et on a pu regarder un match de Colo Colo en buvant un Escudo. Après, c'était l'heure de ce lever. On est rentrés à la gare où sur les 7 plateformes étaient toujours des milliers des gens, et on a commencé à chercher notre bus, mais on a trouvé que deux bus de Pullmann à Santiago, un à 19:35 et l'autre à 19:50. Il y avait un bus à 19:40 à Santiago, mais ce n'était pas le bus de Pullmann. Il était plus que 19:30 et on savait que si on ne trouve pas notre bus, on partira pas à Santiago ce soir, car les autres bus sont plein jusqu'au lendemain matin. On pourrait avoir envie de courir dans la panique dans tous les sens, mais il y avait autant du monde, qu'on a juste pu en panique tenter traverser la foule. J'ai demandé des conducteurs qui m'ont dit qu'il n'ont pas la moindre l'idée où stationne leur collègue avec son bus de 19:40 et que ça se peut qu'il est déjà parti. Une dame, aussi en panique, m'a dit qu'elle pense qu'il faut attendre quand celui de 19:35 part et que c'est à sa place que celui de 19:40 viendra. Mais en réalité, ça fut le bus de la compagnie Sol qui partait à 19:50 à Puerto Montt qui est arrivé à sa place. J'ai donc traversé la foule vers la caisse où j'ai rencontré une fille chilienne avec une valise énorme, qui, elle aussi, voulait prendre le bus à 19:40. On a fait le queue à la chilienne (vous faites le queue? Mais vous n'avez pas l'aire de le faire...), on a donc vite arrivé à la caisse et on a appris que notre bus arrivera et qu'il faut juste faire attention où est-qu'il arrivera. La fille est partie donc devant la gare où elle m'a montré notre bus qui, comme une bete sauvage, attendait sa proie (une plateforme libre) pour y sauter dans une fraction de seconde et permettre ainsi aux passager qu'il montent.

Et donc, finalement, on est arrivés à Santiago. On espère que notre container aussi arrivera un jour. On a bien regardé à Valparaiso, s'il n'y en a pas un avec les têtes des girafes qui dépassent et qui nous crient dessous, venez nous chercher, on en a marre. On a prévu de faire un peu de l'altitude en mars, on espère donc avoir nos sacs de couchage. Croisez donc les pouces. Et si vous voulez voir la reste des photos de Valparaiso, regardez .

mercredi 18 février 2009

Montecarmelo 120

Montecarmelo est une rue en Bellavista, le quartier où Neruda habitait, le quartier des petites maisons colorées où il y a autant des bars que vous n'arrivez pas à les compter. Si vous voulez aller à Montecarmelo, une rue très calme, il vous faut prendre le métro jusqu'à la station Salvador. Vous descendez et vous inspirez profondément pour voir dans quelle direction coule Mapucho. Il n'est pas possible de louper ce ruisseau bleu qui frémit gaiment avant d'entrer à Santiago et qui, après son passage par Las Condes, à Providencia, devient une fleuve marron. Et même si vous ne le trouvez pas, c'est facile: c'est juste derrière le panneau qui annonce que bientôt, déjà bientôt, Santiago aura sa propre station d'épuration. Vous traversez le pont avec des petites boutiques qui vendent des boucles d'oreille et d'autres bijoux et vous entrez à Bellavista. Vous continuez tout droit vers le Cerro St. Cristobal, la Bastille de Santiago, la colline de 800m avec un église sous la belle étoile sur son sommet. Sur votre gauche, vous aurez un café, un petit magazine où vous pouvez envoyer un fax, acheter des fleurs, faire des photocopies, acheter un billet de loterie, un truc à manger ou un carnet, après vous passez encore un café et une école des langues. Vous traversez la principale "Avenida de Bellavista" et continuez tout droit autour d'un théâtre et un espèce de magazine-kiosque qui abrite l'épicerie du coin et où vous pouvez souvent voir des gens assis sur les boîtes vides en train de parler. A l'ombre des arbres, vous vous demandez comment il est possible qu'il y a un endroit aussi calme à Santiago. Vous passez la maison où habitent JB et Mathilde et au pied de St. Cristobal, vous vous arrêtez devant un bâtiment rouge et blanc. ça y est, vous êtes chez nous à Montecarmelo 120. Demandez le gardien l'appartement 31AA. Bienvenue!

Eh oui, on y habite déjà! Enfin, déjà...Nous avons trouvé l'appartement la troisième semaine qu'on a passé au Chili. Mais le Cosmonaute était au Télescope et il n'a pas pu aller voir l'appartement lui même. A part ça, il fallait débarrasser l'appartement d'une moquette particulièrement moche et vielle. Le propriétaire de l'appartement était d'avis qu'une petite nettoyage serait suffisante, mais je pense que même Mr.Propre avec Mr.Muscle arriverait jamais à nettoyer ça. Et ainsi, nous avons donc décidé de faire un parquet à la place de la moquette. Du coup, une négociation avec le propriétaire et avec les entreprises diverses a commencé et elle a prise deux semaines. Pendant ce temps, nous avons révisé aussi d'autres parts de l'appartement et on a pu découvrir d'autres problèmes de l'architecture chilienne. Pendant quelques jours, mon vocabulaire espagnol s'est enrichi des mots comme "pourri" "robinet" ou "prise". Et, je vous assure, dans la salle de bain, le robinet tient toujours d'une manière très provisoire dans la planche pourri, même si on habite dans l'appartement depuis une semaine.

Enfin, on habite...on fait plutôt du camping. La moquette est bien sûr là, où elle a toujours été, et on ne peut donc pas acheter du meuble, avant qu'ils fassent le plancher. Nous avons donc un frigo, une machine à laver et grâce au carton de cette même machine, on a un lit sur lequel on a posé notre matelas. Dans un coup de folie, nous avons acheté aussi un canapé rouge. Voilà, on est installés: Bah oui, vous êtes bien installés une fois que vous pouvez regarder un match du rugby de votre petit canapé en buvant de la bière!

Donc voilà, on a aussi la télé, surtout car c'est le tournoi des six nation, mais aussi car mettre l'internet et la télé dans l'appart n'a pas pris plus qu'un jour. Jeudi, Margaret de VTR est venue pour signer le contrat. Elle a eu besoin une copie de mon RUT. RUT, c'est l'alpha et l'oméga de tout votre existence au Chili. Sans votre RUT, vous ne valez rien. Vous l'avez besoin, quand vous payez avec votre carte bancaire, quand vous commandez des travaux, quand vous vous enregistrez sur des pages web, bref, tout le temps. Une fois Margaret venue, je n'ai toujours pas eu ma copie de RUT, car je n'ai pas pu sortir, car depuis deux heures, j'attendais le serrurier. Il était censé de venir pour changer la serrure, une chose que tout le monde nous a recommandé, même l'agent immobilier de notre propriétaire. Car on ne sait pas qui a les clés, eh? Et donc, il faut absolument changer la serrure avant de mettre quoi que ça soit dans l'appart. Vu que dans l'hôtel où on a habité avant à ma question si on peut avoir une autre paire des clés, le bonhomme à l'accueil a répondu: "Non, mais tu peux t'en laisser refaire.", j'ai pensé que changer la serrure dans l'appart n'est peut être pas une mauvaise idée. J'ai donc trouvé sur l'internet un serrurier urgent que j'attendais depuis deux heures quand Margaret est venue. Je lui ai donc passé un coup de fil, le serrurier m'a dit qu'il viendra dans une demie heure, et on a donc pu sortir pour copier mon RUT. Margaret m'a promis que le lendemain, un spécialiste viendra connecter le réseau.

Après une heure, le serrurier d'urgence est finalement venu, comme d'habitude avec un collègue, car au Chili, les ouvriers viennent toujours à deux. Ils ont sorti la serrure et à sa place, ils ont mis une neuve qui, à vrai dire, n'avait pas vraiment l'aire d'être très neuve. En utilisant une lime, ils ont fabriqué une autre clé et puis ils m'ont demandé ma ancienne clé. Je leur l'ai donné, ils l'ont mis dans mon ancien serrure et ils l'ont mis dans leur valise...exactement sur l'endroit où avant, il y avait mon nouveau serrure.

Eh oui. Avant, on ne savait pas qui a nos clés. Maintenant, on le sait. Le serrurier et l'ancien propriétaire de notre serrure. ça fait longtemps que j'ai pas dépensé 15000 pesos d'un façon plus sensé.

Le lendemain sont venus les deux spécialistes d'internet. Un d'eux avait sous son nez un espèce de duvet qui, dans cinq ans, deviendra peut être une barbe, et le deuxième avait un voix qui muait. Connecter l'internet s'est montré difficile et ça a demandé quelques aller-retour sur le toit. Ces aller-retours ont été réalisés par le Spécialiste Muant pendant que le Spécialiste Duvet était assis dans notre salon en me parlant de foot et de politique. Ainsi, j'ai appris que en 1962, le Chili a eu la troisième place au Coup du monde, d'autant plus précieux que c'était dans l'année où le championnat a eu lieu au Chili. Je ne savais pas que nous, on était deuxième à ce championnat, je l'ai appris que plus tard, mais sûrement, j'aurai l'occasion d'utiliser cette information, car cette troisième place, c'est un sujet de conversation fréquent. En plus, j'ai appris qu'il y a toujours la chance que Chili jouera au Coup du Monde en 2010, car il doit gagner que contre le Pérou, et c'est des nuls, et contre Uruguay. Et en plus, le Chili a battu l'Argentine! Une autre info super important pour parler avec des chiliens et pouvoir montrer que vous savez plein de choses sur leur pays. Et quel club faut-il connaître? Bah, bien sûr, Colo Colo! Et ne leur dites pas que au foot, il est permis de jouer aussi en derrière et pas que en avant et tirer sur le but...

En ce qui concerne la politique, le Spécialiste Duvet m'a demandé, si je suis plutôt à gauche ou plutôt à droit. Tranquillement assise sur notre nouveau sofa dans notre appart à Bellavista avec ce spécialiste ado qui travaille douze heures par jour pour gagner quelques pesos, j'ai trouvé un peu dans le style de Carla Bruni de dire que je suis plutôt de gauche. Mais j'ai avoué quand même. A ma surprise, le Spécialiste Duvet a dit que lui, il est à droit. J'ai demandé pourquoi. "J'aime pas ce qui se passe à Cuba." a-t-il répondu. Je n'ai pas dit que aussi bien, il pourrait être à gauche, car il n'a pas aimé qu'est qui s'est passé à l'époque de Pinochet. Au Chili, il n'y a pas un seul journal de gauche, il n'y a pas vraiment une gauche qui expliquerait aux ados qui travaillent douze heures par jour que le monde libéral n'est pas le plus juste.

Après deux heures, l'internet était connecté et dans notre télé qui a dû coûter trois salaires mensuels du Spécialiste, il y avait de foot. Chilien.

Et c'est tout pour le moment. Les weekends et tout notre loisir, on le passe dans des centres commerciaux où on essaie de trouver une cuisinière où la partie cuisson fonctionnerait avec du gaz et le four serait un four électrique. Du coup, on doit acheter la cuisinière à part et le fous à part. Et on doit acheter un meuble qui les rassemble. Le meuble qu'ils vendent semble être trop petit pour tous les fours qu'ils vendent. Il n'est pas possible laisser faire le meuble. Même avec un meuble trop petit, il nous faut une planche pour mettre au-dessus. Mais il n'y a pas des aussi petites planches. Et puis le trou pour la cuisinière, alors là, ça ne se fait pas, c'est à nous de le faire. Voilà. On est pas vraiment installé, quand même. Mais en mars, on part en vacances!

jeudi 5 février 2009

Le sud de Santiago

La nuit, dans le quartier chic de Las Condes, sur la terrasse de l'appartement commode d'Anna et Yuri, des collègues du Cosmonaute, vous êtes entourés de la mer des lumières qui va jusqu'au horizon. Là, en bas, il y a une ville de six millions d'habitants et si vous regardez vers le sud, vous voyez Providencia, où on habitera, si tout va bien, puis Nunoa et derrière des autres quartiers du sud. Plus vous allez au sud, Constanza, une chilienne, m'a dit, plus les gens sont pauvres. Les nanas viennent du sud chaque jour par métro pour promener des chiens de leur maître. Les acrobates et les jongleurs qui montrent leur art face aux masques des quatres quatres et des petits camionnettes arrêtés aux feux sont aussi de là-bas. En s'arrêtant deux minutes aux feux vous regardez leur spectacle qui vous fait toujours penser si on est vraiment tous égaux...devant les lois de la gravitation. Et puis il y a le main dans le vitre de votre voiture. Je paie à chaque fois, c'est bien mérité. Et du sud viennent aussi les vendeurs des fleurs, de l'eau, des fruits ou de la glace qui courent entre les voitures.

Chaque quartier est un peu un monde pour lui même avec ses événements, ses festivals et sa culture. Pour sortir, on ne va donc pas forcément au centre ville, on va au centre de son quartier. Cette organisation des "villes en ville" a ses avantages et ses inconvénients. Vous trouvez vite les avantages. Il n'est pas nécessaire de prendre le métro pour sortir manger ou voir une pièce de théâtre. L'inconvénient est que les gens ne savent pas forcément comment vivent leurs co-citoyens. Surtout les gens riches ne sortent pas leurs pieds riches des quartiers riches. Veronica, notre prof d'espagnol, vit à Vitacura, le quartier où on pourrait manger pas terre s'il y avait pas des chiens de rase qui s'auto-promènent. Quand j'ai dit qu'on va habiter à Bellavista, elle m'a demandé dans quelle étage se trouve notre appartement. "Troisième", j'ai dit. "Alors oublie! Il faut au moins cinquième." Mathilde, la fille qui m'a pris sous ses ailes à notre arrivé, avec son mari et sa famille y vivent et ils nous ont dit que Veronica n'a pas voulu venir les enseigner à domicile, car elle a eu peur laisser son gros quatre quatre dans la rue. J'ai répondu donc que je pense qu'il n'y a pas de soucis pour ce bâtiment, car même les gens au rez de chaussée n'ont pas des grilles sur les fenêtres, la jolie décoration de tous les fenêtres chiliennes dans tous les quartiers. J'ai ajouté que les gens laissent leurs vélos dans le cour ou même dans la cave, un truc qu'aucun vrai grenoblois aimant sa carcasse de vélo ferrait jamais. Veronica a répondu que quelqu'un le remarquerait bientôt et qu'ils voleront tous les vélos. Je n'ai pas pu m'empêcher de lui confier qu'une fille de bâtiment m'a dit qu'elle laisse son vélo dans la cave depuis six ans. "Alors, ils doivent avoir des excellents gardiens", a conclu Veronika.

Quand j'ai dit à Veronika que je vais pour mon premier entretien de travail au sud de Santiago, à Puente Alto, elle n'a rien dit, mais pendant le cours suivant, elle a bien reproché au Cosmonaute qu'il m'y laisse aller. Mais là, la visite du Puente Alto était déjà derrière nous. On s'y est rendus samedi. Puente Alto est le quartier au extrême sud du Santiago au terminus du ligne de métro 4. Ce ligne passe sur la surface et on a donc pu regarder la ville changer. Vers Nunoa, les grattes-ciels étaient remplacées par des maisons colorées avec des jardins et avec des grilles indispensebles. Parfois on a passé par un quartier des maisons assez luxes, parfois des maisons plus habituels, parfois on a vu un bâtiment de quelques étages, et souvent il y avait un supermarché, un hôpital, un parking ou un autre bâtiment moche. A la fin, le métro a replongé sous la terre. Et on y était. A Puente Alto.

On est sortis sur une place ou ils étaient en train de monter le podium pour un festival. A droit, il y avait un arrêt de bus, à côté d'elle une banque et un magazine des fringues. Devant sur le trottoir, il y avait des vendeurs des cacahuètes sucrés, de l'eau et des chips. On ne s'est pas trompés de la ligne? Nous avons marché encore vers le sud et comme les numéros des maisons étaient aussi incompréhensibles que partout à Santiago, à la place d'aller vers la gauche, nous sommes partis à droite (grave erreur). Nous avons passé quelques blocs des magazines du meuble quand j'ai décidé de téléphoner. Il y avait le vendeur du bureau de tabac devant lequel je me suis mis à sortir le plan de Santiago. Son fils m'a regardé un peu amusé et un peu étonné: apparement, il n'a jamais entendu un espagnol aussi drôle. Le vendeur a voulu nous indiquer le chemin, mais on a déjà compris qu'on ne va pas dans la bonne direction.

Après mon entretien, le Cosmonaute et moi, nous sommes allés dans un bar du coin pour arroser ça d'une bière, légèrement moins cher que dans les quartiers nord. J'ai mangé un sandwich au poulet avec ma bière et on a parlé de l'association qui m'a bien plu. Les gens ont été très sympas et leur travail m'a paru importante et sensé. Vivir Libres aident des alcooliques et des toxicomanes s'en sortir. Les patients viennent de leur propre volonté, parfois avec toute la famille. Buvant notre bière, on s'étonnait: c'est ça le quartier dangereux?

Alors, vous attendez pour une petite péripétie criminelle? M'ont-ils volé mon téléphone? Mon sac? Ou au moins était-je malade à cause de mon sandwich au poulet que ma mère m'autoriserait jamais manger dans les 30 dégrées?

N'attendez pas. La fin est simple. On a pris le métro et on est repartis vers le nord.

J'ai repris le métro au sud mercredi pour aller voir Angelica qui organise des programmes de soutien pour des enfants d'un autre quartier défavorisé nommé Granja. Quand j'ai pris le contact avec Angelica, elle m'a prévenu que Granja n'a rien à avoir avec Las Condes avec ses pelouses arrosés 12 heures par jour et ses alarmes. Je l'ai assuré que je le pense bien.

Angelica est née à Granja et en ce moment, par hasard, elle vit à Puente Alto. Grâce au bourse d'étude, elle a pu faire la fac et maintenant elle essaie d'aider des enfants de son quartier. Je demande donc, quelles sont les problèmes typiques de ses enfants. A ma surprise, Angelica dit que c'est la tristesse, le sentiment d'abandone par un parent absent à cause de son incarcération ou fugue. Les drogues? La violence? La violence à l'école où Angelica intervient? Oui, il y en a, mais c'est tout à fait gérable. Dans les écoles, il y a quand même une autorité d'enseignant qui connaît souvent plusieurs générations des gens de Granja. Les gens restent sur leur place. Je demande donc les chiffres de chômage. Angelica estime qu'il a une moitié des gens qui ont un travail stable. L'autre moitié enchaîne des travaux précaires et il y en a une part qui fait des activités hors loi. Le système social est quasi inexistant, donc chacun doit se débrouiller. En rentrant je me dis que le système familial doit être assez fort et qu'il sert comme un réseau, les gens s'entretient entre eux. Malheureusement je ne peux pas vérifier cette idée auprès d'Angelica. Mais un sociologue dirait sans doutes que ce système est aussi une prévention de la criminalité. Angelica m'a décrit cette partie de la ville dans ces mots: "Ceci est la partie moche de Santiago. Ici, les gens vivent comme ils peuvent." Vivre et laisser vivre. Les gens sont pauvres, mais ils ne sont pas résignés. Et là, où il n'y a pas la résignation d'une partie importante de la population, il n'y a pas en masse la violence, l'alcoolisme, la toxicomanie et d'autres phénomènes qu'on rencontre sur les banlieuex d'Europe.

Devant un verre de jus frais, on discute aussi de mes impressions de Chili. Angelica me demande qu'est que m'a surpris au Chili. J'hésite et puis je lui dis que c'est l'occidentalisation du nord, son américanisation avec ses Starbicks et Burger Kings. Angelica, aussi bien que Paulina ou Veronica, commence à parler de la société de consommation qui a remplacé la dictature. "Après Pinochet, on a construit des parcs partout à Santiago. Mais qui y va? Regarde dimanche! Et regarde dans un centre commercial!" Cette réalité est incontestable. J'ose donc ajouter qu'on est surpris aussi par le fait que les Chiliens ne sont pas très festives, qu'ils ne se parlent pas trop, par la silence dans le métro, qu'ils ne se disent souvent pas bonjour. Angelica me dit une autre vérité: "Tu sais, nous sommes très peu productives, et on doit rester très longtemps au travail. Et du coup, les gens ne font que travailler et dormir."

En partant, nous passons autour d'une piscine et un salle de sport. Angelica y attire mon attention. Dans la salle de sport équipé par une quarantaine des vélos et autre matériel cardio, il y a un groupe des adolescents qui font du sport même s'il fait plus que 30 dégrées. "Tu vois, il n'y a personne.", dit Angelica. Je dis que sept ados en plein journée des vacances à faire du vélo, c'est plutôt énorme. Et je demande qui le paie. "L'état.", dit Angelica. L'entrée est libre. Je m'imagine une mairie dans un des quartiers de Prague faire ça. Où plutôt de construire un patinoire où les garçons dont les parents payent vont s'entraîner pour devenir, avec un peu de talent, l'élite de nation. Et je l'entends. On ne peut pas laisser les cas sociaux entrer sans payer, ils vont tout casser!

Peut être le fait que les quartiers pauvres de Santiago ne sont pas un ghetto a à avoir avec le système familial qui ne permet pas un déracinement et des phénomènes qui vont avec. Mais il y a aussi la confiance de l'autre côté.

Alors voilà. J'apprends aux petits pas comment est la vie au Chili et je vous parle de cette mozaique. Je me trompe forcément en beaucoup de choses, donc ne me prenez pas trop au sérieux. Et puis croisez les doigts pour que tout va bien pendant notre démlnagement de Las Condes à Bellavista la semaine prochaine!