vendredi 29 mai 2009

Les limites de Pathfinder

Jeudi, le Cosmonaute est revenu du Télescope, et il a eu donc le droit de se reposer pendant six jours. On a décidé d'en profiter pour faire un petit voyage. Le problème, c'est que l'hiver s'approche et il n'est donc plus possible de monter trop à l'altitude. On a une année sèche et il n'y a pas trop de la neige là haut, mais tous les jours, des fortes chutes de neige peuvent arriver. Faire une ascension est donc assez dangereux. D'ailleurs, le 18 mai, le Chili commémorait troisième anniversaire de la mort de 45 soldats de service militaire de base qui ont gelés pendant un entraînement à Volcano Antuco. Leurs chefs n'ont pas pensé que le temps pourrait vraiment se dégrader et ils les ont fait monter à plus que 2500m sans un équipement contre le froid. L'hiver est différente au Chili que dans les Alpes, le temps change vite et le météo n'est pas aussi précise. Puis surtout, vous n'avez pas une route dans quasiment toutes les vallées, le réseau de portable et le secours de montagne.

On a donc décidé d'aller explorer la vallée Cruz de Piedra qui mène en Argentine. Le chemin passe par un col de 4000mètres et à côté de Volcane Maipo. Ce sommet, on aimerait aussi bien le faire un jour et repérer d'abord l'accès n'est pas une mauvaise idée. Le seul problème, c'est qu'il y a un gazoduc qui passe par le vallée et vous ne pouvez pas vous y rendre sans une autorisation spéciale. Mais avec le Cosmonaute, on forme un équipe fort. Il, pendant les nuits interminables au Téléscope, lit tous les forums alpinistes pour trouver des informations et puis moi, je les utilise dans la réalité pour vaincre les obstacles administratives. Au bout de deux jours de la recherche de la personne responsable, j'ai finalement eu l'adresse de Karen, la personne de Gasco. Et elle m'a donné l'autorisation. Miracle. Par contre, elle m'a dit qu'en cette période de l'année, la route est déjà bloquée par des coulés de boue et qu'on ne passera pas jusqu'à l'Argentine. L'information nous a été confirmé par un policier à San Gabriel où on cherchait à se faire tamponner le passeport pour pouvoir quitter le Chili légalement. Il a dit que même si on arriverait à passer, ça serait illégale, car il est permis de passer par le col que entre novembre et mars. On s'est dit qu'on va juste aller voir le Volcane et la Lagune del Diamante.

La porte de Gasco s'est ouvert avec notre lettre magique. La dame à cette porte nous a dit que à part un Argentin, on était seuls dans la vallée. Seuls! Seuls dans une vallée de soixante kilomètres, une vallée qui culmine par le col à 4000mètres , la vallée entourée par des sommets blanches. On avançait et on voyait de plus en plus clairement que dès que le temps commencerait à se dégrader, il faudrait quitter ce vallée. Le chemin, c'était comme d'habitude juste la terre battue interrompue par des ruisseaux qui, sans doutes, deviennent des rivières et des fleuves dès qu'il pleut, et ils amènent la route avec eux. C'est sans doutes pour ça que les Chiliens ne s'embêtent pas à goudronner les routes dans la montagne. La route partie est tout simplement contournée par un endroit plus au moins convenable et la circulation est rétablie.

Après deux heures de la route, nous avons passé autour d'une petite centrale électrique qui sert pour le gazoduc et où on a vu travailler l'argentin dont la dame à l'entrée nous a parlé. Un petit bout de chemin plus loin, vers le pont, on a deviné les thermes. Mais on a voulu aller jusqu'au Volcane, et on ne s'est donc pas arrêtés. Mais un petit peu plus loin, on s'est fait arrêter.

Une coulée de boue sur le chemin. Les coulées sont assez fréquents dans les Andes. La terre sèche et sans la végétation coule avec les pluies dans la vallée et elle bloque les routes. Au bout d'un temps, la boue durcit. Et c'était exactement cette boue durcie qui était dans notre chemin. Deux hautes talus avec un ruisseau au milieux ont regardé Pathfinder avec la supériorité. On a donc décidé de faire une demie tour et aller voir les thermes. Sauf qu'on les a pas trouvé. Un échec totale, quoi.

On a fait notre camp près de la centrale électrique, la coulée et les thermes introuvables.

Le matin, on a eu un peu plus de courage et on a décidé de commencer la journée par une visite chez l'argentin. Le monsieur, une copie d'Alberto Granado des Carnets de voyage, nous a appelé "che" presque dans toutes les phrases. Il nous a dit que eux, ils vont revenir en Argentine par le Chili et du coup, on voyait que la route bloquée n'est pas vraiment leur problème. Par contre, il nous a indiqué l'endroit où se cachaient les thermes. Comme je disais, les cartes géographiques, c'est un problème au Chili, et avec notre carte, il était très difficile de trouver ces thermes. Mais par contre, selon les indications d'argentin, on les a vu toute de suite.

Les bains ont été magnifiques, car vu que la vallée est inaccessible au public, l'eau qui est rémué que très peu souvent est pleine d'algues. Puis on y était seuls. Formidable.


Après le bain, on s'est sentis de plus en plus forts et on s'est dit qu'on pouvait aller revoir la coulée de boue. On l'a regardé, on a réfléchi et finalement on y est allés. Et après quelques minutes, on était de l'autre côté. Comme ça.

Du coup, on a pu explorer le reste de la vallée. On savait que personne n'y a passé d'ici quelques mois, depuis que les policiers ont quitté la cabane à la frontière. Il y avait d'autres coulées de boue à traverser, mais aucune aussi impressionnante. Sur le chemin, on a vu un troupeau des lamas guanacos, un de deux espèces des lamas sauvages. Vous pouvez regarder les photos sur flicker. On est montés et finalement, on a vu le Volcane de Maipo dans les nuages. Mais la route commençait à être couvert par la neige et on a vu qu'il serait impossible de passer le col. On s'est donc contenté de marcher un peu sur les pentes où les couleurs vives montraient une activité volcanique. On a trouvé des sources colorés, mais pas assez chaudes pour se baigner. Le soir, on a donc décidé de revenir aux thermes. Il fallait donc recroiser la coulée de boue. Pathfinder a encore assuré, mais je dois dire que dans le moment où j'ai vu son pot d'échappement plonger dans la terre, je me suis dit qu'il vient de devenir incomplet. Mais non, le pot d'échappement a réapparu, il a craché avec du colère un peu de la terre et Pathfinder a pu continuer. Le Cosmonaute a insisté pour que je le prenne en photo pendant cette traversée, mais en tant que photographe, j'ai complètement échouée dans le moment où un des roues de Pathfinder apparu un mètre au dessous du coulée. Je vois que les limites de Pathfinder sont bien plus loin que les limites de ma peur.

Une fois bien installés dans l'eau chaude, on a revu Alberto Granado de s'approcher avec un bidon du vin qu'il a partagé avec nous dans un geste amical. Les Sud-américains détestent en général les Argentins, ils disent que c'est des gens fiers. Mais selon notre expérience, c'est surtout des Chiliens qui sont des petits lutins avec un petite bide qui ne sourient jamais et qui se nourrissent des produits qui sont sans doutes fabriqués pendant la recyclation des bouteilles plastiques, alors que les Argentins, c'est des beaux gosses amicaux qui ont du savoir vivre.

Après le bain, on est allé au même endroit comme le jour précédent pour camper. Et le matin, on commençait à se rendre compte que le temps qui devenait plus en plus mauvais et finalement devenu vraiment mauvais. Sur les sommets autour a neigé ce qui tombait sur nos têtes dans la version "pluie". Sans un petit déjeuner, on a tout mis dans la voiture et on est partis dans la civilisation. On a voulu aller prendre de l'essence et puis continuer à Baños de Colina, des thermes. Sur le chemin, nous avons vu un vol des condors, qui volait en cercles, sans doutes, au dessus d'une vache morte.

Prendre l'essence à San José se relevait compliqué, car, comme il pleuvait, la station était sans le courant. Normal, quand il pleut. L'employé de la station nous a dit qu'il remettait le courant dans une demie heure. Mais on n'est pas au Chili depuis aussi peu pour qu'on ne sache pas qu'une demie heure, ça peut être demain. On a alors discuté pour prendre une décision, mais comme par miracle, le courant était remis et on a pu donc prendre l'essence.

En se rendant à Baños de Colina, on a vu que le chemin par lequel on a passé, il y a un mois, pour aller à Cerro Moai, a bien changé. Quelques coulées de boue dégagés montraient que les Andes se défendent bien contre l'effort de l'homme de passer avec les voitures.

Puis on a vu des pierres fraîchement tombés sur la route. Voilà le video. Bon, ça, Pathfinder y arriverait pas!





Finalement, on est arrivés à Baños de Colina, les plus grandes thermes de Cajon de Maipo. La pluie s'est transformée dans la neige et on a compris qu'on sera les seuls visiteurs. Ainsi, on a dit bienvenue à l'hiver. De l'eau chaude. D'ailleurs, le truc blanc dans les cheveux du Cosmonaute, c'est de la neige.


On a eu encore une journée libre devant nous, mais on a décidé que l'hiver est vraiment là et qu'il serait plus agréable de la regarder des fenêtres de notre appartement. Mais on a hâte de sortir nos skis de rando et les tester à Cerro Parva. Une fois que Pathfinder est baptisé par la neige, il est impossible de laisser attendre nos skis!

P.S. Toutes les photos sont .

mercredi 20 mai 2009

Allende et un livre que je viens de lire

Hier, j'ai passé la journée à la maison. J'étais obligée, car ils ont prévu de nous livrer le lit ce jour là. J'ai espéré qu'il vont arriver vers midi et je pourrai donc sortir faire ce que j'ai à faire d'autre, mais je me suis trompée complètement. Ce n'était que à cinq hueres d'après midi qu'ils m'ont appellé qu'ils ont endommagé notre lit en le chargeant dans le camion et qu'ils vont nous livrer, d'une manière provisoire, un autre modèle. Et c'est ce qui s'est passé. A sept heures et demi de du soir. J'ai donc passé la journée clouée au canapé.

En attendant, j'ai dévoré un bouquin, en tchèque, malheureusement, de Jarka Stuchlíková "Indiáni, politici, plukovníci" (Indiens, politiciens, colonels). Madame Stuchlikova vivait avec son mari, un anthropologue social, vers Temuco au sud de Santiago, dans les années 1969-1973. C'est des années très importants au Chili. Elle a vécu donc la période d'Allende et le putch militaire. Elle est arrivée au Chili après le août 1968, c'est à dire l'invasion des chars soviétiques à Prague et ils se sont sauvés de Chili après le putch, car ils étaient dans le danger de mort.

J'ai vraiment apprécié comment elle décrit sa vie entre les indiens Mapuche, mais le livre parle surtout de la politique. Stuchlikova dit qu'"Allende l'énervait vraiment" et elle parle de lui dans des mots très forts comme "bousilleur". Au moins la moitié du livre est consacré au choses qu'Allende a fait mal. Par coïncidence, la semaine dernière, j'ai vu un film sur Allende de Patricio Guzman. Ce film documentaire a paasé en France, il y a cinq ans. Si vous en souvenez, Guzman est très nostalgique de la période d'Allende, et il regrette beaucoup la blocade américaine, l'influence que Nixon a effectué sur le développement du Chili et ce qui a fini par le putch. Je suis en train de réflechir beaucoup de tout ça et je veux vous demander ce que vous, vous en pensez.

Les Tchèques de ma génération et les plus âgés voient rouge, en majorité, dès qu'on dit un communiste. Je me rappelle ma surprise quand j'ai trouvé que tous mes amis que j'ai rencontré pendant mon séjour Erasmus à Toulouse, c'est des gens de gauche ou même des communistes. Bizarrement, pour mon cerveau post-dictatorial, ces gens là, avec les mêmes valeurs comme moi, n'ont pas compris que la gauche, c'est LE mal? On était là pour en témoigner. Mais mes amis espagnols ont bien pu témoigner de Franco. A répetition, je me suis rendue compte que alors que mes amis de gauche sont des gens, en général, très ouvert, les jeunes de droite sont un peu la jeunesse d'or et pensent souvent que à la fête et à eux-mêmes. Pas que nous, on ne ferrait pas la fête, bien sur. Mais vous pouvez faire la fête dans les boîtes où ils vous laissent entrer que si vous êtes bien habillés et si votre gueule leur plaît, où vous pouvez sortir dans des clubs où celà ne compte pas. Enfin, ceci est évident pour un Français, mais moi, je ne savais pas qu'on pouvait ne pas vous laisser entrer à cause de votre tenue. Petit à petit, dans le conversations avec les gens, j'ai compris que même si je ne peut jamais être communiste, je peux être amie avec les communiste, car leur idéal utopique, c'est l'égalité. ça ne me pose pas un problème moral, alors que l'extrême droit si, car leur vision de monde se base sur hiérarchie génétique ou historique. Bref, j'ai compris que mes valeurs correspondent à ce qu'on appelle "la gauche". Quand j'ai eu mon poste à la fac en France, je n'étais donc plus surprise par le fait que mes colleagues sont de gauche, ce qui m'arriverait jamais en Tchèquie. Mes amis sont de gauche et le Cosmonaute aussi.

J'ai donc compris que ce pensé gauche-droit est complètement tordu en Tchèquie. On doit être le seul pays où les Verts se déclarent à droit. Je vote les Verts, moi, car ils ont bien des idées de gauche. Mais ils ne peuvent pas dire qu'ils sont de gauche s'ils veulent être élus. Et je vous assure, je voterais jamais la gauche tchèque, car je ne vois aucune différence entre eux et la droite.

Mais revenons à Allende, si détésté par Stuchlikova qui venait de quitter la Tchèquie communiste. Je ne suis quand même pas aussi sûre qu'il était le bousilleur, comme dit Stuchlikova. Au contraire, je pense qu'il était une chance pour le Chili. Il y avait un dévéloppement vers la gauche en tout cas. Allende était un homme avec des valeurs démocratique profondes et il a respecté la liberté de presse et les lois. Stuchlikova dit elle même qu'il manipulerait jamais les élection. Il avait une rôle très difficile avec la gauche émietée, avec l'extrême gauche qui voulait former des guerillas, avec la blocade. Vous pouvez imaginer qu'il y avait quelqu'un d'autre à sa place? Et qu'il ferrait tous les changements sans "calmer" la situation en interdisant diffisuion de la propagande de droit? Sans limiter la démocratie?

Stuchlíková dit que c'est Allende qui était responsable de putch, car il a quand même polarisé la société chilienne à la gauche et à la droite et qu'il a stimulé la haine entre les deux. J'y pense et je me dis que c'est une explication un peu léger pour comprendre les barbaries de la junta militaire. Ces barbaries là, elles font penser aux nazis. Je ne suis pas sûre que l'envie de dénnoncer l'autre, le colère des gens peut être causé juste par les politiques. Et même, c'était surtout la droite chilienne qui a utilisé des moyens comme des attentats ce qui a fait éclaté la colère. Mais trois ans de la nationalisation des entreprises et réorganisation de la société, est-ce suffisant pour expliquer les barbaries? Si on dit que non, ça venait donc d'où? Est-ce dans l'esprit humain? Est-ce dans le fait que peut être l'être humain a du d'abord voir les résultats de sa propre cruauté pour en prendre peur, comme ça s'est passé en Europe après la deuxième guerre mondiale quand la Charte des droits de l'homme a été créé? Car je ne pense pas que les politiciens pendant les campagnes électorales ne oposent les gens un contre l'autre, mais je ne crois pas qu'on pourrait vivre une violance pareil dans le monde occidental.

Je me demande comment je verrais les choses si j'ai vecu l'août 1968 comme elle. Mais en même temps, je vois peu de différence entre le Printemps de Prague avec sa vision du communisme tranformé "le communisme avec un visage humain" et le régime d'Allende. Si les chars ne sont-ils pas venus à Prague, ce communisme là, devenait-il à nouveau dictatorial, où se dissipait-il dans la démocratie où la droite gagnerait un jour, forcément? Que se passerait-il au Chili s'il n'y avait pas la blocade américaine? La droite, changerait-elle la gauche dans les éléctions ou il y aurait un putch? Comment la Tchèquie aurait-elle l'air maintenant? Et le Chili?

Il y a une chose où je suis à 100% d'accord avec Stuchlikova. Ce qui se passe après la dictature, c'est partout pareil. Le nouveau système est sur qu'il est forcément mieux que ce qu'il y avait pas avant et il est complètement vaniteux et les gens ne savent pas être critiques, arrêter de voir en termes de noir-blanc comme ils l'ont fait pendant la dictature. "L'égoïsme, l'avidité et l'utilitarisme se tranforment dans le succès et peu de gens montre la solidarité avec ceux qui ont moins réussi et qui ont donc moins de moyens"..."La discipline du travail assidu sous le dictat militaire a fait fléurir le pays que Allende ne reconnaîtrait pas. Mais le progrès économique, ce n'est pas tout, surtout s'il divise la société en riches et des mendiants et dans le sens des idées, en les matérialistes et les idéalistes."

Vous, vous en pensez quoi?

lundi 18 mai 2009

Quand il pleuvait à Santiago

L'hiver s'approche. Pour le moment, elle arrive doucement, car cette année, c'est La Niña qui influence le climat locale. Il n'y a que trois semaines qu'on a eu des températures carrément d'été et même ces jours-ci, le thermomètre montre 20 dégrées dans la journée. Malgré cela, on a déjà acheté un chauffage, car la nuit, la température descend plus qu'un Européen aurait l'habitude. Tout le monde nous recommandait d'acheter le chauffage le plus tôt possible, car après, il y en a plus dans les boutiques. Je vous ai aussi raconté que notre plan de connecter un chauffage à gaz est tombé dans l'eau car on n'a pas pu ni voulu faire des innombrables trous de ventilation. Du coup, on chauffe avec des bouteilles de gaz d'Abastible, "le gaz des Chiliens", comme dit leur publicité. Abastible est une entreprise qui vous amène le gaz des Chiliens avec la ponctualité chilienne. Si on n'a plus de gaz, il faut qu'un de nous reste toute la journée à la maison en espérant le livreur avec la bouteille de 15kg. Vous pouvez commander qu'il vienne, ou aussi vous pouvez arrêter le camion directement dans la rue. Le passage de camion est annoncé par le bruit caractéristique de camion. Comme la mère reconnaît le cri de son enfant parmi les autres cris, il faut que vous distinguiez le bruit d'Abastible du bruit de Lipigas ou Gasco qui, eux aussi, livrent des bouteilles, mais jaunes ou blancs, pas orange, comme Abastible, et du coup, vous ne pouvez pas échanger avec eux. Puis, facilement, vous distinguez le bruit d'Abastible du sifflement du rémouleur des couteaux. Et, comme vous ne voulez pas avoir froid en attendant l'échange de la bouteille, vous avez une bouteille de rechange. Toute ça, ça prend énormément de la place, mais le chauffage chauffe et c'est très agréable dans les soirs froids. En plus, je me suis acheté une paire des pantoufles d'hiver, trois paires des chaussettes épaisses et finalement aussi une bouilloire pour mon lit.

Mais dehors, il fait 20 dégrées dans la journée et je me contente donc de sortir avec un petit pull. Les Chiliens ont, par contre, sorti déjà leurs manteaux d'hiver. Dans ce contexte, je n'arrive pas à comprendre comment ils vont survivre les 16 dégrées confortables qu'ils ont dans leurs appartements l'hiver. Mystère.

Mercredi, il a plu. Pour la première fois depuis notre arrivé au début de janvier. En plus, avant, il ne pleuvait pas depuis quelques mois déjà. Cette année est une année sèche, mais je pense que même les autres années, il ne pleut pas beaucoup, car les habitants de Santiago n'y sont apparemment pas trop habitués. Par exemple, l'architecte qui a fait le projet de notre maison n'a pas pensé à y mettre du carrelage qui ne devenait pas trop glissant avec l'humidité. Le carrelage glisse du coup comme le fond d'une baignoire avec beaucoup de savon. Quand il pleut, les gardiens doivent donc mettre les tapis sales en caoutchouc dans toute la maison. Et les habitants commencent à surveiller les fenêtres pour s'assurer que la pluie ne leur fait pas une visite surprise. Victoria, notre femme de ménage, m'a dit qu'elle craignait la pluie, car elle habitait dans sa maison que depuis le mois de février. Elle n'avait donc aucune idée si sa maison était étanche. Oui, le toit avait l'air pas mal, mais les fenêtres... Moi, je suis sûre que nos fenêtres ne sont pas étanches et je suis rassurée par les deux étages au-dessus de notre appartement pour donner un peu de crédit au toit. Mais avec ces soucis là, on s'en sort toujours mieux que Stan et Manka, nos amis qui vivent à Lo Barnechea, un quartier de luxe. Quand il pleut, l'eau coule dans leur bureau directement de la lumière au plafond. Le propriétaire précédent de leur maison a beaucoup aimé des lumières électriques et il en a équipé sa maison de l'intérieur et de l'extérieur. Par contre, il n'était pas fan de l'isolation. Et vu qu'il y avait des lumières aussi sur le toit, la pluie rentre facilement dans l'électricité et on ne peut pas donc allumer les lumières quand il mouille.

Quand il pleut, l'aire se nettoie. Peut être c'est car la pluie absorbe toute la pollution, mais peut être aussi c'est que les Chiliens ne savent pas conduire sur une route mouillée. Le trafic s'arrête alors. Nos amis nous ont prévenus que s'il pleut, les factures, qui arrivent déjà tard, prennent encore une semaine de retard supplémentaire. Ce n'est pas étonnant, car les routes ne sont pas conçues pour évacuer l'eau et les carrefours se transforment donc dans des lacs géants. Les gens de sud de Santiago qui travaillent comme des ramasseurs des cartons ont des vélos adaptés à ce travail, c'est à dire il y a un espèce de plateforme devant le guidon et le roue de devant. Pendant la pluie, les ramasseurs deviennent des bateliers et pour une petite somme ils transportent sur leur vélo des piétons d'une berge...pardon, d'un trottoir à l'autre. C'est Manka qui me l'a raconté et j'ai vraiment hâte que l'hiver arrive et que je puisse voir cette invention de mes propres yeux.

Samedi, je suis allée à une crémaillère chez Olga, une copine chilienne de Mathilde. La conversation a tourné dans un moment vers un test psychologique que les psychologues de travail chiliens aiment faire faire aux demandeurs de l'emploi. C'est le test de la "figure sous la pluie". Je ne sais pas où les psychologues ont déniché ce test, mais je suis sûre qu'il ne vient pas de Chili et je pense que son utilisation sans ce pays illustre bien le fait qu'on ne peut pas tout simplement prendre un test et l'utiliser dans un autre pays. Bon, au sud de Chili, il pleut sans arrêt, mais administrer ce test aux gens qui vivent à Arica où il n'a pas plu depuis 1973, c'est un peu culotté. Car apparemment les psychologues de travail pensent que les gens qui dessinent la figure sans un parapluie sont les gens qui ne savent pas ce protéger suffisamment et qui ne sont pas du coup des bons candidats. Quand on m'a raconté ça, je me suis rendue compte que je ne sais même pas comment on dit un parapluie en espagnol. Car à Santiago, je n'en ai pas besoin et je n'ai donc non plus besoin de ce mot. Je trouve que c'est une jolie histoire à raconter aux étudiants de psycho pendant le cours des outils diagnostique et leurs limites. Ou vous avez une idée comment vous ferriez un "test de la figure dans une tempête de sable"? Ah oui, j'ai un peu un problème avec toute la psychologie de travail au Chili, mais je vais vous raconter une autre fois, peut être.

Mais aujourd'hui, il y a de soleil et l'automne est d'une beauté kitch. Le weekend prochain, on ferra un voyage vers le Volcan Maipo en Argentine et j'ai hâte de profiter un peu de la nature. Il nous faudra une autorisation d'accès dans la vallée, donc je sens que ça sera...tout un article pour le blog.

lundi 4 mai 2009

Good Chili, bad Chili

Les psychologues distinguent des différents possibilités comment gérer le stress: les mécanismes de défense. Un des mécanismes les plus archaïques est le clivage. Archaïque veut dire, en gros, qu'une personnage bien structurée l'utilise que si elle est exposé à un stress majeur. Une personne mal structurée prend des événements dont les personnes bien structurées peuvent passer avec des mécanismes de défense plus élégantes, comme des situations très stressantes, et c'est pour ça qu'elle utilisera le clivage très souvent. Un monde clivé est un monde noir et blanc, sans le gris.

Et comme vous pouvez voir, soit je suis une personne mal structurée, soit le Chili me stresse beaucoup.

Alors, le good Chile d'abord.

Ce weekend, nous sommes allés à Termas del Plomo. On s'y est rendus avec Manka, Standa et leur fille Marketa. Standa travaille aussi à l'Observatoire et en plus, il est un grand montagnard. Il s'entend donc bien avec le Cosmonaute. On a donc décidé de passer le weekend ensemble et en profiter pour monter une colline quelque part. En même temps, on pensait qu'il risquait de faire froid et que camper près des thermes n'était donc une mauvaise idée.

Vendredi matin, nous nous sommes retrouvés à San José et on a continué à Cajon de Maipo. Sur une route de la terre battue, on est arrivés jusqu'à la réserve Yeso. Dans l'entrée dans la réserve, la route plus au moins entretenue a changé dans un chemin avec plein de trous interrompu de temps en temps par une rivière. Il y avait même un endroit où il fallait descendre de la berge de la rivière une marche de plus que demi mètre directement dans l'eau. Pathfinder était content que le chemin est amusant, mais on s'est préoccupée un peu pour Standa. Mais bien sur, en arrivant aux thermes, on a croisé en Peugot 206, alors je ne vois par pourquoi le quatre quatre bas de Standa ne passerait pas.

Aux thermes, où on pensait camper, il y avaient plusieurs voitures. Et là, c'est un peu de bad Chile, avec ses alarmes qui crient à n'importe quelle heure, avec ses radios qui chantent regeton à fond et ses moteurs qui servaient dans la nuit comme une chauffage. Bref, c'était vraiment un endroit vierge. Les Chiliens et l'écologie, c'est pas vraiment ça. On s'est demandé pourquoi il faut payer l'entrée dans la réserve, alors que dans le camp, il n'y a même pas des toilettes et tous les gens se soulagent donc dans la rivière protégée. Et bien sur que les gens dans le camping pensent, comme beaucoup de Chiliens, que les bouteilles en plastique et les sachets jetés se décomposeront vite. Bref, la nature, elle y est pour être usée. J'aimerais bien savoir où va cet argent des entrées, mais je suis sûre que ce n'est pas dans la protection de la nature.

Heureusement, les Chiliens ne sont pas des grands marcheurs et après quelques pas dehors du camping, la nature restait propre. Samedi, on a voulu monter au camp de base pour l'ascension de Marmolejo. Marmolejo, c'est une colline de 6000 mètres et on aimerait bien essayer de la monter un jour. C'était une bonne idée de repérer le chemin en avance, car le camp de base est à l'altitude autour de 4138 mètres et la marche d'approche est donc assez fatigante même si on ne se trompe pas du chemin. Au Chili, il y a des cartes géographiques militaires, qui ne sont pas mal, mais bien sur qu'il n'y a pas des sentiers là dedans.

On a du traverser la rivière en enlevant nos chaussures et ensuite, on s'est mis à traverser les marais. Heureusement, ils étaient gelés après la nuit et on a arrivé à traverser sans trop se mouiller. Enfin, on y a quand même mis un peu les pieds. Après deux heures de la marche, on a finalement trouvé la bonne vallée et on s'est mis à monter. Dans la vallée, il y avait un ruisseau. Dans un moment, le vallée est devenue très étroite avec le ruisseau profondément incrusté entre les deux bords. On a réfléchi si on suit le ruisseau ou si on monte sur les mures du vallée. Finalement, on a décidé de monter.

On continuait avec le ruisseau qui coulait bien au-dessous à notre droite.

Et puis ça y était. devant nous, il y avait une trou énorme. Ce ruisseau méchant a eu un pote qui arrivait de la gauche, donc du côté où on marchait, bien incrusté dans le rocher comme son pote. Ils se rencontraient sous le ravin de 300mètres plus bas. On était sur un espèce de presque île, complètement coupés de la possibilité de continuer à monter.

Bah, c'est la preuve que Cimrman, le grand philosophe, médecin, scientifique, écrivain et professeur (fictif, fictif, fictif, fictif, fictif) tchèque avait raison. Il a bien aidé à la science en découvrant tous ses culs de sac. Là, on sait bien, que la prochaine fois, quand on va à Marmolejo, il faut pas prendre cette route là. Ce samedi, on a juste regardé le trou, puis on a fait un pique nique et on est descendus. Bon, les choses n'aboutissent pas à chaque fois.

Le lendemain, on s'est baigné et puis on a dit au revoir à Manka, Standa et Marketa qui sont rentrés à Santiago. Pour s'entraîner, on est montés sur une petite colline derrière le camp. Ce n'étaient que 600 mètres de dénivelé, mais comme le camp de base est à l'altitude de 3000 mètres, c'est une bonne manière d'augmenter sa capacité de poumon. La vue de cette colline était incroyable.

En rentrant, le Cosmonaute m'a laissé conduire et j'ai donc pu, pour la première fois, commander à Pathfinder. Il est bien. On a monté même le berge d'une demi mètre sans se mettre sur le toit. Le Cosmonaute m'a dit qu'on doit s'incliner plus que 45 dégrées si on veut se renverser. Il sait tout sur Pathfinder et il veut tester ses limites. C'est peut être d'ailleurs pour ça qu'il m'a laissé conduire.

Une fois sur la route normale, j'ai laissé conduire le Cosmonaute, car je ne veux rien à avoir avec les conducteurs chiliens. En plus, on n'a pas de permis de conduire valable. Et il est plus probable que c'est moi qui a un accident.

On n'a pas de permis de conduire valable...

Voilà, on passe à bad Chile. Si vous voulez voir tous les photos de good Chile, regardez ici.

On n'a pas de permis de conduire valable, car pour l'avoir, il faut passer un examen. Les gens qui sont arrivés avant nous, n'étaient pas obligés de faire cet examen, il était suffisant d'avoir un permis européen et passer l'examen médicale. Mais je crois que peut être un politicien intelligent a dû penser: ah, comment je pourrait attirer des électeurs qui se sentent menacés par le trafic sauvage de Santiago, sans limiter les électeurs qui conduisent comme des fous? Et il s'est dit: je vais forcer les étrangers à passer tous les tests! En espagnol. L'Observatoire nous a assuré qu'on peut faire le test en anglais, mais ni le Cosmonaute, ni moi, nous ne sommes pas motivés à ouvrir le code. Car, par contre, ça, il le faut. Car si vous voulez apprendre le code juste en observant les conducteurs, vous risquez d'être surprises pendant l'examen que rouler sur l'autoroute dans le contre sens sur la bande d'urgence, c'est en réalité interdit. Même avec prudence.

A part le problème avec les permis, on a un autre souci. Le chauffage. L'hiver arrive et la température dans notre appartement est de 17 dégrées. On n'a pas de chauffage, car les Chiliens pensent que ceci n'est pas indispensable, aussi bien comme le double vitrage ne serve à rien. En arrivant à Monte Carmelo, on a appris qu'on a une arrivée de gaz sur le mur de salon, on a donc pensé de connecter un chauffage là bas. Un chauffage à gaz, économique et efficace.

On a d'abord rayé le mot "efficace". Le premier monsieur qui est venu voir m'a dit que selon les règles, nous ne pouvons pas connecter un chauffage plus grand que 3000W. Après, il m'a demandé, si on veut un thermostat ou pas. Et, étant un bon commerçant, il a glorifié le thermostat en disant: "C'est super confortable, vous mettez la température 16 ou 17 dégrées et le chauffage la maintient automatiquement". Je lui ai dit que je n'emploie jamais le mot "confortable" dans la même phrase avec "16-17 dégrées". "En tout cas, en hiver, vous allez souffrir." le monsieur a dit avec un sourire diabolique.

Puis il m'a dit que pour mettre ce chauffage minuscule, il fat faire une ventilation dans nos fenêtres trop étanches. Si étanches que s'il y a du vent dehors, les rideaux bougent même si les fenêtres sont fermées. Les fenêtres qu'on sort entières pour les laver. Dans la chambre avec la porte d'entrée qui ont un trou d'un centimètre au dessous.

Je me suis dit que je les laisserais couper les fenêtres, de toutes façons, on va les isoler plus tard avec de la mousse et on va boucher cette ventilation. Du coup, le dossier a passé à une autre personne pour faire le plan d'installation.

Le monsieur est venu pour faire le projet le même jour quand ils ont livrés un chauffage de la taille de celui qu'on met dans les cabines aux toilettes en Tchèquie. Mais un regard de monsieur de projet était suffisant pour nous dire que l'installation est impossible. A part les fenêtres, il faut faire aussi un trou de 30cm dans le mur sous la fenêtre et comme nous, on a un espèce de petit jardin devant les fenêtres, on ne peut pas faire ce trou.

Il ne nous reste donc autre solution qu'acheter une chauffage de pétrole, paraffine, kérosène ou pareil et chauffer comme tout le monde. Il est hors question d'acheter un chauffage électrique, car les disjoncteurs supportent au maximum un four et la lumière. Le Cosmonaute est donc parti chercher le plus grand chauffage qu'il pourra trouver. Vite, car avec la saison, bientôt, il n'y aura plus de chauffage dans les magasins.

Moi, j'ai la tâche de retourner ce chauffage inconnectable. Ceci, je dois le faire facilement: appeler le vendeur. Mais le vendeur ne travaille plus à Metrogas depuis lundi. Mais bon, je n'ai donc que à traverser la moitié de Santiago pour signer un papier et puis ils vont venir chercher ce chauffage.

En même temps, ils nous ont coupé encore le téléphone. La facture est venue déjà périmée et bizarrement, je n'ai donc pas pu payer avant.

Par contre, le loyer, je l'ai payé, mais, mea culpa, par internet. Payer sur l'internet, c'est aussi une longue histoire intitulée "il n'est pas possible en ce moment faire votre transaction, essayez plus tard". Il suffit d'essayer dix fois en moyenne et ça passe. Enfin, le loyer a passé, mais pourtant, j'ai aprris aujourd'hui qu'on a pas payé. Je suis allée voir le comptable avec tous les papiers qui prouvaient que j'ai payé à l'heure. Le comptable m'a dit que je n'ai pas mis le numéro de l'appartement sur la transaction et du coup, je dois payer la majoration. Je lui ai dit que j'ai mis le numéro. Il a dit que non et que c'est pour ça qu'il n'est pas sur l'attestation de la transaction. Je lui ai dit que je lui ai envoyé un mail avec tout et j'ai mis le numéro. J'étais sur le point de le forcer de chercher mon mail quand j'ai vraiment regardé son bureau plein de petits papiers, chèques et attestations de payement. Et j'ai compris. Et j'ai payé la majoration.

P.S. Vous vous rappelez quand je disais que les Chiliens adorent des petits camionnettes. Bon, c'est pas une véhicule pratique tous le jours, mais bon...