lundi 18 mai 2009

Quand il pleuvait à Santiago

L'hiver s'approche. Pour le moment, elle arrive doucement, car cette année, c'est La Niña qui influence le climat locale. Il n'y a que trois semaines qu'on a eu des températures carrément d'été et même ces jours-ci, le thermomètre montre 20 dégrées dans la journée. Malgré cela, on a déjà acheté un chauffage, car la nuit, la température descend plus qu'un Européen aurait l'habitude. Tout le monde nous recommandait d'acheter le chauffage le plus tôt possible, car après, il y en a plus dans les boutiques. Je vous ai aussi raconté que notre plan de connecter un chauffage à gaz est tombé dans l'eau car on n'a pas pu ni voulu faire des innombrables trous de ventilation. Du coup, on chauffe avec des bouteilles de gaz d'Abastible, "le gaz des Chiliens", comme dit leur publicité. Abastible est une entreprise qui vous amène le gaz des Chiliens avec la ponctualité chilienne. Si on n'a plus de gaz, il faut qu'un de nous reste toute la journée à la maison en espérant le livreur avec la bouteille de 15kg. Vous pouvez commander qu'il vienne, ou aussi vous pouvez arrêter le camion directement dans la rue. Le passage de camion est annoncé par le bruit caractéristique de camion. Comme la mère reconnaît le cri de son enfant parmi les autres cris, il faut que vous distinguiez le bruit d'Abastible du bruit de Lipigas ou Gasco qui, eux aussi, livrent des bouteilles, mais jaunes ou blancs, pas orange, comme Abastible, et du coup, vous ne pouvez pas échanger avec eux. Puis, facilement, vous distinguez le bruit d'Abastible du sifflement du rémouleur des couteaux. Et, comme vous ne voulez pas avoir froid en attendant l'échange de la bouteille, vous avez une bouteille de rechange. Toute ça, ça prend énormément de la place, mais le chauffage chauffe et c'est très agréable dans les soirs froids. En plus, je me suis acheté une paire des pantoufles d'hiver, trois paires des chaussettes épaisses et finalement aussi une bouilloire pour mon lit.

Mais dehors, il fait 20 dégrées dans la journée et je me contente donc de sortir avec un petit pull. Les Chiliens ont, par contre, sorti déjà leurs manteaux d'hiver. Dans ce contexte, je n'arrive pas à comprendre comment ils vont survivre les 16 dégrées confortables qu'ils ont dans leurs appartements l'hiver. Mystère.

Mercredi, il a plu. Pour la première fois depuis notre arrivé au début de janvier. En plus, avant, il ne pleuvait pas depuis quelques mois déjà. Cette année est une année sèche, mais je pense que même les autres années, il ne pleut pas beaucoup, car les habitants de Santiago n'y sont apparemment pas trop habitués. Par exemple, l'architecte qui a fait le projet de notre maison n'a pas pensé à y mettre du carrelage qui ne devenait pas trop glissant avec l'humidité. Le carrelage glisse du coup comme le fond d'une baignoire avec beaucoup de savon. Quand il pleut, les gardiens doivent donc mettre les tapis sales en caoutchouc dans toute la maison. Et les habitants commencent à surveiller les fenêtres pour s'assurer que la pluie ne leur fait pas une visite surprise. Victoria, notre femme de ménage, m'a dit qu'elle craignait la pluie, car elle habitait dans sa maison que depuis le mois de février. Elle n'avait donc aucune idée si sa maison était étanche. Oui, le toit avait l'air pas mal, mais les fenêtres... Moi, je suis sûre que nos fenêtres ne sont pas étanches et je suis rassurée par les deux étages au-dessus de notre appartement pour donner un peu de crédit au toit. Mais avec ces soucis là, on s'en sort toujours mieux que Stan et Manka, nos amis qui vivent à Lo Barnechea, un quartier de luxe. Quand il pleut, l'eau coule dans leur bureau directement de la lumière au plafond. Le propriétaire précédent de leur maison a beaucoup aimé des lumières électriques et il en a équipé sa maison de l'intérieur et de l'extérieur. Par contre, il n'était pas fan de l'isolation. Et vu qu'il y avait des lumières aussi sur le toit, la pluie rentre facilement dans l'électricité et on ne peut pas donc allumer les lumières quand il mouille.

Quand il pleut, l'aire se nettoie. Peut être c'est car la pluie absorbe toute la pollution, mais peut être aussi c'est que les Chiliens ne savent pas conduire sur une route mouillée. Le trafic s'arrête alors. Nos amis nous ont prévenus que s'il pleut, les factures, qui arrivent déjà tard, prennent encore une semaine de retard supplémentaire. Ce n'est pas étonnant, car les routes ne sont pas conçues pour évacuer l'eau et les carrefours se transforment donc dans des lacs géants. Les gens de sud de Santiago qui travaillent comme des ramasseurs des cartons ont des vélos adaptés à ce travail, c'est à dire il y a un espèce de plateforme devant le guidon et le roue de devant. Pendant la pluie, les ramasseurs deviennent des bateliers et pour une petite somme ils transportent sur leur vélo des piétons d'une berge...pardon, d'un trottoir à l'autre. C'est Manka qui me l'a raconté et j'ai vraiment hâte que l'hiver arrive et que je puisse voir cette invention de mes propres yeux.

Samedi, je suis allée à une crémaillère chez Olga, une copine chilienne de Mathilde. La conversation a tourné dans un moment vers un test psychologique que les psychologues de travail chiliens aiment faire faire aux demandeurs de l'emploi. C'est le test de la "figure sous la pluie". Je ne sais pas où les psychologues ont déniché ce test, mais je suis sûre qu'il ne vient pas de Chili et je pense que son utilisation sans ce pays illustre bien le fait qu'on ne peut pas tout simplement prendre un test et l'utiliser dans un autre pays. Bon, au sud de Chili, il pleut sans arrêt, mais administrer ce test aux gens qui vivent à Arica où il n'a pas plu depuis 1973, c'est un peu culotté. Car apparemment les psychologues de travail pensent que les gens qui dessinent la figure sans un parapluie sont les gens qui ne savent pas ce protéger suffisamment et qui ne sont pas du coup des bons candidats. Quand on m'a raconté ça, je me suis rendue compte que je ne sais même pas comment on dit un parapluie en espagnol. Car à Santiago, je n'en ai pas besoin et je n'ai donc non plus besoin de ce mot. Je trouve que c'est une jolie histoire à raconter aux étudiants de psycho pendant le cours des outils diagnostique et leurs limites. Ou vous avez une idée comment vous ferriez un "test de la figure dans une tempête de sable"? Ah oui, j'ai un peu un problème avec toute la psychologie de travail au Chili, mais je vais vous raconter une autre fois, peut être.

Mais aujourd'hui, il y a de soleil et l'automne est d'une beauté kitch. Le weekend prochain, on ferra un voyage vers le Volcan Maipo en Argentine et j'ai hâte de profiter un peu de la nature. Il nous faudra une autorisation d'accès dans la vallée, donc je sens que ça sera...tout un article pour le blog.

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