Un peu au dessus de notre maison, environ dans la moitié du Cerro San Cristobal, il y a un ZOO. Il m'est jamais arrivé en esprit d'y aller, mais là, je me dis que peut être, ça vaudrait le coup. Ce weekend, on l'a passé sur la côte du Pacifique et on a vu tellement des animaux exotiques que je me demande, qu'est ce qu'il peuvent bien montrer ici au ZOO. Des lapins et des biches? Il y en n'a pas ici. A la place de lapins, il y a des vizcacha et a la place de biches, des lamas. Mais je suis sûre que c'est encore les pauvres lions, éléphants et compagnie qui assurent les dimanches exotique des enfants de Santiago.
Notre plan initial pour ce weekend, c'étaient encore des skis de rando. Mais je commence à croire que cette année, en faire, ça ne sera pas dans notre destin. Depuis une semaine, la météo pour le weekend répétait qu'il ferait mauvais. Nuages, brouillard, froid. Et comme faire de skis de rando au Chili, ça veut dire camper au moins une nuit dans la neige, je refuse d'y aller s'il ne fait pas beau. Petite, j'ai trop écouté le pièce de théâtre de Cimrman qui parle du voyage au pôle nord et où l'expédition, qui a compté la bouffe pour y arriver et puis l'a oublié multiplier par deux, décongelé un expéditeur précédente retrouvé par hasard, dans la seule intention de le manger. Et moi, je veux être sûre d'être décongelé par le soleil, pas par une bande d'explorateurs affamés.
Du coup, on a décidé de faire l'ascension du Cerro Morado le weekend prochain. Samedi matin, on s'est réveillés et j'ai pris peur. Qu'est ce que je verrai de la fenêtre une fois que j'ouvre les rideaux black out, les rideaux plastiques, pas très beaux, mais la seule alternative chilienne des volets? J'ai eu peur, car je savais qu'il ferait grand beau. Et oui, c'était le cas! Vite, il fallait chercher un autre plan. J'ai voulu aller me balader dans la montagne, mais le Cosmonaute a insisté d'aller à la mer. Apparemment, il avait besoin de voir la mer. ça doit arriver de temps en temps au gens qui ne sont pas nés dans un pays sans mer et en plus entouré par des barbelés. On a donc jeté un coup d'œil sur la carte et on a vu que au sud de Valparaiso, il n'y a pas de ville, pas de routes. Rien. Des lions, comme on disait jadis. On était donc sur qu'il y a soit une grosse décharge de poubelle de la deuxième ville du Chili, ou la nature pure. Sur google earth, nous n'avons pas vu la décharge et en plus, le Cosmonaute a remarqué une petite île appelée Isla de los Lobos. Je vous l'avais dit. Des lions. Des lions de la mer.
Comme le Cosmonaute a mal au jambes quand il conduit, c'était moi qui a encore pris le volant. J'ai pensé que samedi, il n'y aura pas trop de trafic, mais ce n'était pas vraiment le cas et il fallait encore s'incruster dans des voies pleins de voitures. Mais heureusement, vendredi, j'allais en voiture avec Karen, une copine chilienne, qui m'a dit que pour se faufiler entre les voitures, le meilleur, c'est regarder le conducteur d'autre voiture et faire un regard triste. Bah oui, bien sur que le Marseillais, il m'a pas raconté ça, il m'a dit qu'il faut accélérer et s'incruster comme on peut. Je n'étais juste pas sure si ce façon de faire n'est pas efficace que du mignon petit pot de yaourt bleu de Karen. Mais apparemment ça marche même des sales vitres du grand, vieux Pathfinder de couleur kaki et plein de boue. Donc je me suis faufilée là où il fallait et puis j'ai pris l'autoroute. Comme d'hab, je me suis trouvé un bus pour se mettre derrière, histoire de ne pas se faire klaxonner pour la basse vitesse. Le seul problème, c'était que je n'arrivait pas à trouver le bouton pour fermer la fenêtre et j'avais des cheveux partout. Je l'ai trouvé quelque part près de péage et j'ai ainsi pu faire une petite performance en essayant fermer la fenêtre en même temps que payer pendant laquelle j'ai coincé mon bras payant dans la fenêtre. Puis j'ai donné quelque coups de volant chaotiques dans le tunnel, car j'étais persuadée que j'avais oublié de mettre des fars et puis en essayant de les mettre ce n'était que pire. Bah oui, vu à travers de mes lunettes de soleil. Bah oui, si je ne me colorais pas les cheveux, je serais blonde. Mais non, on dis pas qu'on apprend de nos fautes? Vous savez comment c'est difficile de commencer à conduire après trente ans? Je vous assure, c'est presque aussi dure qu'apprendre une langue après la cinquantaine!
Je deteste les autoroutes. Ils me font peur. Je trouve qu'il est contre la nature de bouger à la vitesse de 150 km/h avec un foule de gens dont chacun est enfermé dans son morceau de métal. Mais courageusement, j'ai avancé quand même à 100km/h, même si je tremblais un peu. Quand on arrivait presque à Valparaiso, le Cosmonaute m'a demandé, combien d'essence j'avais. J'ai osé courageusement quitter de regard le derrière du bus devant et j'ai vu que tout simplement, je n'ai pas d'essence. Le bras de contrôle d'essence, assoiffé, était mollement allongé et la petite lumière allumée sans arrêt. Et ça, c'était trop pour moi. J'ai regardé partout, mais pas de station service en vue. Puis on est descendus d'autoroute pour en trouver une. Et elle y étais. Fermée! L'idée que je dois rentrer sur l'autoroute avec le réservoir vide m'étais insupportable et j'ai dis, lâchement, au Comsonaute qu'il prenne le volant, lui. Il m'a dit qu'il a aucune idée pourquoi je m'affole comme ça et que c'est n'importe quoi. Moi, j'ai dit que au contraire, je méritais un compliment pour mon courage de conduire 70km sur l'autoroute dans une attaque du panique. Et là, on commençait en discuter, puis on a trouvé une station service, on discutait encore et après, heureusement, on est arrivés sur la côte, si belle que ça nous a laissé muette.
Au début, on voulait aller au far, mais comme la route s'arrêtait avec le dernier village et sur la piste qu'on a pris, il n'y avait pas des panneaux, on est arrivés vers un espèce de camping. Environ cents mètre au dessous de nos pieds, l'océan bouillonnait. Sur les rochers en bas, il y avait des algues, et puis sur les pentes, là, où la vie pourrait agripper, il y poussait des cactus et d'autres plantes grasses. Les cactus était en fleur. On s'est assis et on a sorti notre pique nique. Quand on était en train de finir les empanadas de pino achetées sur le chemin, j'ai entendu un truc patouiller. Il y avait un pélican qui venait de se poser sur l'eau en bas. Oui, le vrai pélican avec le sac sur le bec. De temps en temps, je ne sais pas pourquoi, il s'est mis à tournoyer l'eau avec des ailes et ça faisait ce bruit bizarre. J'ai voulu rester un peu pour l'observer, mais le Cosmonaute m'a dit qu'on en verrait encore des tonnes, des pélicans, et qu'on irait chercher des lions de mer et La Isla de los Lobos. Et comme les lois de nature le veulent, ça est resté donc le seul pélican qu'on a vu.
Mais on a vu des tonnes de lions de mer. Près de far, en se promenant, on a aperçu que les pentes de l'île devant sont pleins des sacs de patates marrons. Mais qui s'embêterait à mettre des sacs de patates sur un île! Donc ça doit bien être des lions de mer! On s'est approché le plus possible sur un rocher et on a commencé à observer. Malheureusement, on a oublié la jumelle, mais on n'était pas non plus très loin. Les lions de mer semblait se reposer tranquillement dans les rayons du soleil, mais au bout de quelque temps, on a compris que le tranquillement, c'est à peu près aussi tranquille que le métro dans l'heure de point. Car il y a beaucoup de lions de mer. Puis ceux qui arrivent premiers ne s'embêtent pas à monter plus haut que juste là où les vagues n'arrivent plus. Ceux, qui arrivent après, n'ont donc pas de place pour se poser ni pour passer plus haut. Du coup, ils passent au dessous de ceux qui sont déjà posés. Et il ne faut pas être un lion de mer pour comprendre que un sac de patates mouillé, un sac de trois cents kilos, qui passe sur votre tête, ce n'est pas de ce qui est le plus agréable. Quand un nouveau arrivant fait son chemin sur les corps des autres, ça ne se passe donc pas sans gueuler et quelques morsures, sans doutes. De temps en temps, un grand lion se lève et essaie de mettre tout en ordre en gueulant très fort. Mais c'est un lion chilien et mettre en ordre, ce n'est pas donné même aux gens ici, donc ne vous étonnez pas que la sieste des lions de mer, ce n'est que du bruit et mouvement dans tout les sens.
Une fois qu'on a regardé assez longtemps le chaos lionien, le Cosmonaute m'a montré des cormorans et des condors de mer. Attention, ne confondez pas des condors des Andes avec les condors de mer! Alors que le condor de montagne est le deuxième oiseau le plus grand, le condor de mer est un espèce de grand poule noire. Regardez.
Pour voir le coucher du soleil, on est allés vers un plage. Pour le Pacifique, l'océan était très tranquille, mais moi, je n'ai jamais vu des vagues pareilles. Et en goutant si l'océan est vraiment salé, je me suis pris une vague jusqu'au genoux.
Après le coucher du soleil, nous sommes rentrés à Santiago. Le soir, on a margé avec des potes à Liguria décidés de se réveiller le matin pour aller faire des skis de piste. Mais bien sur, le matin, c'était un peu dur. Finalement, nous sommes arrivés à La Parva et on a vu que l'hiver cède sa place vite à l'été. Là où on a eu du mal de passer la semaine dernière, on a retrouvé un centre des skis avec des collines chauves. Pourtant, on a pu se faire plaisir dans la neige transformée, mais vu que la température à Santiago est au moins de 20 dégrées la journée, je pense que je peux dire que l'été européenne est déjà assis dans l'avion avec la destination sud...
P.S. L'ensemble des photos est là.
La fin
Il y a 15 ans